Cannes a beau abriter le plus grand festival de cinéma au monde, ses salles locales donnent l'impression que le temps s'est figé quelque part entre Jacques Tati, Rabbi Jacob et les Charlots.

À moins d'un quart d'heure de marche du magnifique Palais des festivals, on retrouve trois cinémas, vieux et démodés. Sur la chic rue d'Antibes, le décor du Star, du moins ce qui en tient lieu, semble sorti tout droit d'un catalogue Sears des années 60. Le vieux tapis gris donne l'impression de ne pas avoir été changé depuis des lustres. Six salles et une seule toilette, minuscule, pour les clients, hommes ou femmes. Parlons plutôt ici d'une bécosse...

Salon funéraire soviétique

À l'Olympia, un peu plus bas sur la rue, même ambiance de salon funéraire soviétique. Derrière un comptoir, une madame vend ses billets dans un décor minimaliste. Imaginez le défunt cinéma de Paris, place D'Youville, multipliez par mille et vous êtes encore loin du compte, pour parodier le slogan de Trainspotting.

 

Une petite fringale? Disons qu'il ne faut pas avoir l'estomac dans les talons. Le comptoir à friandises a l'air d'une cantine scolaire de Saint-Éloigné du Très-Loin. Une petite machine à popcorn, quelques barres de chocolat, des boissons gazeuses dans une distributrice, c'est tout. De toute façon, encore faudrait-il trouver quelqu'un pour vous servir.

La cerise sur le sundae, ce sont les publicités locales avant la projection, style diapositives aux couleurs délavées On n'a rien vu d'aussi moche depuis l'époque du Nettoyeur Lainesse, au vieux cinéma Laurier de Victoriaville, il y a 40 ans. Celle du Comptoir du panneau, avec un mec déguisé en bonne femme et baragouinant on ne sait trop quoi, donne envie de rentrer dans le plancher tellement c'est gênant.

Au moins ­les fauteuils sont confortables. C'est toujours ça de pris.