Il est difficile de croire, en regardant l'histoire d'amour tranquille du film Cairo Time, de Ruba Nadda, que derrière les regards furtifs échangés par les covedettes Patricia Clarkson et Alexander Siddig régnait le plus grand des chaos.

Lors du tournage dans la capitale égyptienne, la production a notamment été menacée par des policiers hostiles, en plus de devoir faire face à la censure du gouvernement.

En entrevue à La Presse Canadienne, Alexander Siddig a expliqué que si, devant la caméra, tout semblait serein, derrière, on aurait dit qu'un rodéo avait lieu. L'acteur a d'ailleurs décrit le tournage comme étant «l'une des expériences les plus folles (qu'il ait) jamais vécues».

Dans Cairo Time, qui prend l'affiche vendredi, Patricia Clarkson tient le rôle de Juliette Grant, la rédactrice d'un magazine canadien, qui prend des vacances au Caire avec son époux Mark (Tom McCamus), qui travaille pour les Nations Unies.

Incapable de quitter son travail dans un camp de réfugié de Gaza, Mark demande à un vieil ami et ancien collègue, Tareq (Alexander Siddig), de tenir compagnie à son épouse et de lui montrer la ville.

Lentement, une histoire d'amour naît, alors que Tareq montre à Juliette les plus beaux endroits de la ville.

En plus de devoir supporter les chaleurs intenses dans la capitale égyptienne, l'équipe de tournage a aussi dû composer avec la responsable de la censure envoyée par le gouvernement pour examiner la façon dont Ruba Nadda présentait Le Caire. La représentante du gouvernement devait demeurer sur les lieux de tournage en tout temps et approuver chacune des images que la cinéaste voulait ramener au Canada.

La réalisatrice a aussi eu maille à partir avec la police égyptienne, alors qu'elle filmait un groupe de vieilles femmes qui avaient accepté d'être devant la caméra. Certains hommes qui se tenaient près d'elles n'ont pas apprécié la présence de l'équipe de tournage et ont appelé la police. Comme Ruba Nadda n'avait pas de permis et qu'elle était sortie filmer en cachette de la représentante du gouvernement, elle savait qu'elle aurait des ennuis.

Pour éviter la prison, elle a fait croire que son directeur de la photographie était un homme très important et que les policiers regretteraient toute arrestation. À son grand soulagement, les policiers l'ont crue.

Le film Cairo Time a été désigné meilleur film canadien par le public du dernier Festival international du film de Toronto.