En recevant respectivement le prix d'interprétation féminine et le Grand Prix au dernier festival de Cannes, Charlotte Gainsbourg dans Antichrist et Jacques Audiard avec Un prophète auront marqué la Croisette de leur empreinte cette année. Mais c'est Le petit Nicolas, de Laurent Tirard, qui aura eu les faveurs du public français, attirant plus de cinq millions de spectateurs dans les salles en France.

Ce long métrage de Laurent Tirard, avec les populaires Kad Merad et Valérie Lemercier, s'inspire du Petit Nicolas, un personnage créé en 1959 par le scénariste René Goscinny et le dessinateur Jean-Jacques Sempé. Il devance au palmarès des films français les plus appréciés LOL (Laughing Out Loud) avec Sophie Marceau, Coco avec Gad Elmaleh, OSS 117 - Rio ne répond plus avec Jean Dujardin et Neuilly sa mère!, quatre longs métrages qui ont réalisé entre deux et quatre millions d'entrées.

L'année 2008 avait été meilleure pour le cinéma français, mais il faut dire qu'il était difficile d'égaler les 6,8 millions d'entrées d'Astérix aux Jeux olympiques, et surtout d'approcher le record de fréquentation de Bienvenue chez les Ch'tis, la comédie populaire de Dany Boon qui a été vue par plus de 20 millions de spectateurs.

À l'étranger, on notera le succès de Transformers 2, qui termine en tête du box-office américain. Ce film n'arrive en revanche qu'au 17e rang du box-office en France, alors que L'ère de glace 3, premier dans l'Hexagone avec plus de sept millions d'entrées, se contente de la huitième place aux États-Unis.

Ce long métrage, ainsi queUp, le dernier Pixar, confirme le succès des films d'animation capables de ratisser un très large public. Ils en éclipsent parfois d'autres, au moins aussi méritants, comme le très original Mary and Max.

Parmi les grosses surprises de l'année, le phénomène Twilight, qui a fait de l'acteur anglais Robert Pattinson une nouvelle star mondiale, adulée par les adolescentes, Paranormal Activity (qui a coûté 15 000 $, et en a rapporté 100 millions), et This Is It, le documentaire montrant les répétitions des concerts que Michael Jackson devait donner à Londres en juillet dernier, qui a attiré les foules à la suite de sa mort, le 25 juin, à l'âge de 50 ans.

The Curious Case of Benjamin Button de David Fincher, Inglourious Basterds de Quentin Tarantino (deux films avec Brad Pitt), Revolutionary Road de Sam Mendes, Gran Torino de Clint Eastwood et Étreintes brisées de Pedro Almodovar auront également marqué l'année, ainsi qu'Avatar de James Cameron, un film de science-fiction tourné en 3D relief, onze ans après Titanic.

En France, Le concert de Radu Mihaileanu, émouvant et drôle, a bénéficié d'un excellent bouche-à-oreille, alors que le très apprécié Welcome de Philippe Lioret a déclenché une polémique sur le traitement réservé aux clandestins en France, et sur le «délit» de solidarité.

Légère déception en revanche pour Micmacs à tire-larigot (le dernier Jean-Pierre Jeunet, avec Dany Boon) qui n'a attiré qu'un peu plus d'un million de spectateurs.

Dans l'Hexagone, selon des estimations publiées par le CNC, la fréquentation dans les salles obscures devrait progresser de 5 pour cent par rapport à 2008, pour atteindre entre 199 et 200 millions d'entrées (contre 190 millions l'an dernier). La part de marché des films français devrait avoisiner les 38-39 pour cent, contre 45 pour cent en 2008 (succès de Bienvenue chez les Ch'tis).

Côté récompenses, le jury de Cannes, présidé par l'actrice française Isabelle Huppert, a décerné la Palme d'Or au cinéaste autrichien Michael Haneke pour Le ruban blanc, un film sombre, évoquant les racines du mal, dont l'action se situe dans un village du nord de l'Allemagne à la veille de la Première guerre mondiale.

Le Grand Prix est revenu à Un prophète, du réalisateur français Jacques Audiard, qui plonge le spectateur dans le milieu carcéral, en suivant l'itinéraire d'un jeune homme (incarné par une révélation, Tahar Rahim) devenant un vrai gangster au contact du milieu corse en prison. Plébiscité par le public et la critique, ce film, sélectionné pour représenter la France aux Oscars 2010, a également remporté le prix Louis-Delluc.

Enfin, Charlotte Gainsbourg a remporté le prix d'interprétation féminine pour son interprétation tourmentée dans Antichrist, de Lars von Trier. Elle y incarne une femme qui se retire avec son mari (Willem Dafoe) dans un chalet pour faire le deuil de leur enfant. Mais cette escapade au fond des bois tourne très mal.

À la cérémonie des César, Séraphine de Martin Provost a remporté sept trophées, dont ceux du meilleur film et de la meilleure actrice pour Yolande Moreau. Vincent Cassel a été sacré meilleur acteur pour son interprétation dans Mesrine.

À Hollywood, Danny Boyle a raflé huit Oscars, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur, pour Slumdog Millionaire, un film qui raconte l'ascension d'un enfant issu des bidonvilles de Mumbai. À la Mostra de Venise, le Lion d'Or a été décerné à «Lebanon» de Samuel Maoz, tandis qu'au Festival de Berlin, Fausta de Claudia Llosa remportait l'Ours d'Or.

Par ailleurs, plusieurs grands noms du cinéma ont tiré leur révérence en 2009: Claude Berri, Maurice Jarre, Farrah Fawcett, Brittany Murphy, John Hughes, David Carradine, Karl Malden, Patrick Swayze et Joseph Wiseman. Deux jeunes acteurs sont également décédés: Lucy Gordon et Jocelyn Quivrin.

Certaines stars ont aussi connu des déboires, comme Roman Polanski, arrêté le 26 septembre à Zurich, en raison d'un mandat d'arrêt international lancé par les États-Unis pour une affaire de moeurs remontant aux années 1970. Libéré sous caution, le cinéaste franco-polonais est actuellement assigné à résidence dans son chalet de Gstaad, en Suisse, et pourrait être extradé vers les États-Unis.