Un tueur en série rôdant dans Notre-Dame-de-Grâce, des chats qui disparaissent mystérieusement, cela vous rappelle peut-être Chère voisine, de Chrystine Brouillet.

Près de 30 ans après sa parution, le roman s'incarne au cinéma, en anglais, sous la houlette de Jacob et Kevin Tierney. La Presse a visité hier le plateau de tournage du film.

À Notre-Dame-de-Grâce, Spencer (Scott Speedman) vit en fauteuil roulant. Dans le même immeuble à logements, Louise (Emily Hampshire), serveuse dans un restaurant chinois, assiste à la disparition de ses chats. Victor (Jay Baruchel), professeur dans une école primaire, emménage dans le même immeuble. Le suspense peut commencer...

Notre-Dame-de-Grâce est le deuxième film que font ensemble le réalisateur et le producteur, le père et le fils. Pourtant, l'idée d'adapter le roman de Chrystine Brouillet n'a pas immédiatement séduit Kevin Tierney, producteur de l'un des plus gros succès du cinéma québécois, Bon Cop, Bad Cop.

«Jacob m'a expliqué l'histoire, mais je n'étais pas très chaud» se rappelle Kevin Tierney, qui a cédé à la pression de son fils après avoir lu le livre lors d'un voyage. «J'ai découvert un univers assez pourri, mais diabolique, avec une célébration du cynisme et de l'humour noir.»

Pour tourner Notre-Dame-de-Grâce, Jacob Tierney a fait appel à des comédiens et amis qu'il connaît bien, Jay Baruchel, Scott Speedsman et Emily Hampshire. «Ce sont aussi mes amis, j'ai écrit les rôles pour eux, et j'ai été très inspiré par le roman de Chrystine Brouillet», dit le réalisateur, rencontré sur le plateau de tournage du film.

Sous la plume de Jacob Tierney, l'action se déroule en 1995, en plein référendum. «C'est parce que c'est en 1995 que j'ai fait ma première lecture du livre, explique le réalisateur. Ce n'est pas vraiment important: c'est un film noir, pas un film politique.»

Tourné en majorité à l'intérieur de l'immeuble où vivent les trois personnages principaux, le film fait référence aux classiques Rope et Rear Window d'Alfred Hitchcock. «On ne peut pas parler de film noir sans parler d'Hitchcock. Rear Window est la référence la plus directe», estime le réalisateur, qui glissera quelques cadrages en référence au maître du suspense.

Notre-Dame-de-Grâce sera donc un film noir, mais drôle. «Je le considère comme un film noir traditionnel: j'espère que cela va être drôle, il y a beaucoup d'humour et d'ironie dans les échanges, et beaucoup de mensonges aussi. Quand on fait un film qui se déroule surtout en appartement, c'est important», dit le réalisateur.

Notre-Dame-de-Grâce sortira simultanément au Québec (doublé en français) et dans le reste du Canada, comme son précédent film, The Trotsky, dont la sortie est fixée au 14 mai. «Une sortie nationale, ça se fait rarement: c'est une bonne indication du potentiel de ce film», se félicite Kevin Tierney.

La présence au générique d'acteurs qui tournent aussi à Hollywood (Jay Baruchel sera le partenaire de Nicolas Cage dans The Sorcere's Apprentice, en 2010) devrait aider The Trotsky et Notre-Dame-de-Grâce à sortir aux États-Unis, croit le producteur. «Tout le monde veut pénétrer le marché américain», dit-il.

Pour le père comme le fils, les projets ne s'arrêteront pas après le tournage de Notre-Dame-de-Grâce: Kevin Tierney devrait réaliser son premier long métrage French Immersion cet été, tandis que Jacob planche sur l'adaptation de The Good Terrorist, de Doris Lessing, un roman qu'il souhaite transposer au Québec, durant la crise d'octobre. «Moi, je raconte des histoires québécoises en anglais», s'amuse le réalisateur.