Après Laure Waridel et Hugo Latulippe, c'est au tour de Charles Binamé de se faire porte-parole du Festival de films sur les Droits de la personne, qui fête ses cinq ans, et dont on dévoilait la programmation hier. Son mandat: remplir les 8000 places disponibles dans les différents lieux du festival, au Cinéma du Parc, au Cinéma ONF et au Cinéma Parallèle.

Le cinéaste, qui sera présent pendant l'événement, a vu une vingtaine de films - et en a imposé à sa famille! - dans une programmation qui en compte une soixantaine en provenance de 20 pays. «Nous vivons dans une bulle nord-américaine très confortable, mais nous avons tous envie d'aller vers quelque chose d'autre que la consommation», croit-il.

Ce festival, tenu à bout de bras par Diya Angeli et Alix Laurent, est une porte ouverte sur le monde, qui ne va pas très bien, comme on s'en doute. La preuve est que les organisateurs ont reçu plus de 1300 films et documentaires parmi lesquels ils ont dû faire le tri. Les projections organisées en séances thématiques abordent l'art, la résistance, l'égalité des chances, la violence politique, le sort des aînés, les droits des femmes et des enfants ou encore les zones de conflits. Rien de bien jojo, direz-vous, mais Charles Binamé insiste pour rappeler que si ouvrir sa conscience ne se fait pas sans heurts, il y a aussi cette formidable expérience de communion avec l'humanité qui l'accompagne. Sans compter qu'il s'agit, selon lui, de «pièces à conviction» capables de nous préparer aux grands enjeux de demain.

On présentera à la soirée d'ouverture le film de fiction Le jour où Dieu est parti en voyage de Philippe Van Leew, inspiré du parcours d'une femme pendant le génocide rwandais, en présence du cinéaste. Plusieurs cinéastes seront d'ailleurs présents lors des projections qui seront suivies de conférences, Rebiya Kadeer, qui défend depuis des années les droits du peuple ouïghour en Chine, malgré son exil aux États-Unis, et qui a déjà été pressentie pour le prix Nobel de la paix. Elle est l'héroïne du documentaire The 10 Conditions of Love de Jeff Daniels.

Le film de clôture sera Les Super Mémés du Québécois Magnus Isacsson, un portrait des consoeurs québécoises du mouvement Raging Grannies, ces colorées dames âgées qui se battent pour la justice sociale et l'environnement.

Beaucoup, beaucoup de bons films, dont plusieurs sont présentés en primeur, meublent cette programmation, autant dans le volet international que québécois, et dont on a pu voir des extraits hier. On pense à Kalandia, histoire d'un poste de contrôle de Neta Efrony, qui a documenté pendant six ans la réalité du point de contrôle militaire israélien entre Jérusalem-Est et Ramallah; à Bhopal, de Sylvie Joly, sur l'une des pires catastrophes industrielles du XXe siècle; à Reporter, d'Eric Metzger, sur le journaliste du New York Times Nick Kristof, qui tente de sensibiliser ses lecteurs au drame congolais; à Which Way Home, de Rebecca Cammisa, sur ces enfants d'Amérique du Sud qui tentent de se rendre aux États-Unis dans des conditions épouvantables et dangereuses... Et tout ça pour la modique somme de 7 $ par séance, quand ce n'est pas 5 $ si vous êtes étudiant ou aîné.

Enfin, mentionnons que le premier prix Arthur-Lamothe, à qui l'on avait rendu hommage l'an dernier, sera remis à Macumba International, la maison de production de Richard Cornellier, Patricio Henriquez et Raymonde Provencher, qui tournent des documentaires à l'étranger depuis 1995.