Les quinzièmes Rendez-vous with French cinema se tiennent à New York, une ville qui a un faible pour le cinéma français et où le succès d'un film peut ouvrir la porte au marché américain.

Les beaux gosses, de Riad Satouf, Le hérisson de Mona Achache, Huit fois debout de Xabi Molia, OSS 117, Rio ne répond plus, parodie de film d'espionnage de Michel Hazanavicius: jusqu'au 21 mars, une vingtaine de films sont projetés en avant-première américaine dans des salles de Manhattan et Brooklyn, en présence des réalisateurs qui répondent aux questions des spectateurs, en majorité américains. Et des distributeurs potentiels, dont l'un a déjà acheté les droits de sept films de la sélection.

«J'aime la complexité et le côté imprévisible du cinéma français, qui est considéré comme intellectuel à cause du sous-titrage que seuls les vrais cinéphiles acceptent, mais qui est un cinéma très imaginatif», indique à l'AFP Edward Scheid, critique pour le journal spécialisé Box Office Magazine.

Il aime particulièrement Josiane Balasko, qui a beaucoup plu au public dans son interprétation à l'écran de Renée Michel, la concierge cultivée du best-seller de Muriel Barbery L'élégance du hérisson. «Les gens ne connaissent pas Josiane Balasko ici, ils ne connaissent que Juliette Binoche, Marion Cotillard et Audrey Tautou, et ils aiment découvrir», souligne l'expert.

Avec 24 millions d'entrées par an, le cinéma français représente moins de 2 % des parts de marché aux États-Unis. Mais il est le premier des cinémas non-anglophones du pays, loin devant les autres, et le marché américain est très important pour les réalisateurs français.

«Plus de vingt films français par an sont distribués aux États-Unis», explique à l'AFP Antoine de Clermont-Tonnerre, président d'Unifrance, l'organisme qui assure depuis soixante ans la promotion du cinéma français à l'étranger. 

«C'est un marché essentiellement limité aux grandes villes, mais certains distributeurs américains mettent presque immédiatement les films en VOD (vidéo à la demande), ce qui est un nouveau moyen d'atteindre les gens hors des agglomérations», souligne-t-il.

En hausse progressive depuis la fin des années 90, le cinéma français aux États-Unis n'a pas subi la crise. Des films ont même connu des résultats notables, comme Coco avant Chanel (870 000 entrées), ou Entre les murs (540 000 entrées). 

L'un d'eux a même eu un succès sans précédent, même si on peut difficilement parler de film français puisqu'il est tourné en anglais et qu'il s'agit d'un film d'action très hollywoodien: Taken, écrit par Luc Besson et mis en scène par Pierre Morel, a atteint 20 millions d'entrées. 

«Sortir aux États-Unis est gratifiant», souligne Anne-Dominique Toussaint, productrice notamment du Hérisson. «Quand les États-Unis achètent, il y a un effet d'annonce, les autres régions du monde disent : «tiens, il est distribué en Amérique» et s'intéressent au projet», ajoute-t-elle.

Au pays des «stars», il est aussi important pour les acteurs de se faire connaître. Aussi plusieurs d'entre eux sont-ils présents à New York pour des soirées-rencontres avec le public, notamment Yvan Attal, Vincent Lindon ou Jean Dujardin, acteur le mieux payé en France en 2009.