Deux jours après le refus de la justice américaine de juger Roman Polanski par contumace, son avocat a appelé les autorités suisses à rendre «toute sa liberté» au cinéaste franco-polonais actuellement assigné à résidence à Gstaad.


«Aujourd'hui il appartient aux autorités suisses, hors du vacarme et des pressions intolérables de l'opinion, mal informée, de dire le vrai et de rendre une fois pour toute sa liberté à Roman Polanski», a affirmé Me Hervé Témime dans un communiqué transmis samedi à l'AFP.


Après avoir été arrêté en septembre 2009 et incarcéré, le réalisateur, accusé par la justice américaine de «relations sexuelles illégales» avec une mineure en 1977, est assigné à résidence dans l'attente d'une décision de la justice suisse de l'extrader ou non vers les États-Unis.


Les autorités suisses avaient indiqué en février qu'elles ne statueraient pas sur l'extradition du cinéaste avant une décision définitive de la justice américaine sur un jugement par contumace. Or jeudi, une cour d'appel de Californie a refusé à Roman Polanski de pouvoir être jugé en son absence.


En mars 1977, le réalisateur du Pianiste, alors âgé de 43 ans, avait eu une relation sexuelle avec Samantha Geimer, 13 ans, en marge d'une séance de photographie.


Poursuivi et jugé pour viol, le cinéaste s'était finalement enfui des États-Unis avant le prononcé du verdict, craignant d'être lourdement condamné. Il n'a jamais remis les pieds aux États-Unis depuis, et a continué à faire du cinéma. En février, il a été primé à la Berlinale pour son thriller The Ghost Writer.


Samantha Geimer, 45 ans aujourd'hui, a de son côté réclamé à de nombreuses reprises l'abandon des poursuites contre Roman Polanski, 76 ans, assurant vouloir tourner la page une fois pour toutes, plus de trente ans après l'affaire.


La décision de la cour d'appel de Californie constitue une «injustice» selon l'avocat de Roman Polanski. Il a appelé les autorités suisses à «rétablir une vérité que chacun connaît mais que nul ne veut entendre: si Roman Polanski ne doit pas être extradé, c'est qu'il a déjà été jugé il y a près de 33 ans et qu'il a exécuté sa peine».


«Il est aujourd'hui établi par tous les témoins de la procédure que la durée de détention qu'il a subie au pénitencier de Chino (Californie) durant 42 jours en 1977 était sa seule peine», soutient-il.


Si Roman Polanski a fui les États-Unis, c'est selon l'avocat parce que le juge américain s'apprêtait à dénoncer un accord entre les parties autorisé par la loi américaine.


«Aujourd'hui que cette vérité connue depuis toujours est établie, cela signifie que Roman Polanski a exécuté sa peine. La requête d'extradition des États-Unis qui prétend le contraire est mensongère», martèle Hervé Témime.


Woody Allen, Martin Scorcese, Bernard-Henri Lévy, Frédéric Mitterrand... de très nombreux artistes et intellectuels, en Europe comme aux États-Unis, ont apporté leur soutien au cinéaste.