Un festival du cinéma haïtien, c'est bien, mais ça a ses limites. Sa fondatrice Fabienne Colas l'a bien compris. Rebaptisé Festival international du film black, l'événement s'ouvrira désormais à la culture et à la réalité noire de partout dans le monde, qu'elle soit d'Amérique, des Antilles, d'Europe ou d'Afrique.

Initiative salutaire, si l'on en juge par la programmation dévoilée hier. Le nouveau Festival du film black, qui aura lieu du 22 septembre au 3 octobre, propose en effet 128 films, dont 100 premières, venus de 25 pays aussi différents que l'Afrique du Sud, la Hollande, la France et les États-Unis. C'est non seulement beaucoup plus que la quarantaine de films présentés l'an dernier au festival du film haïtien, mais c'est aussi nettement plus solide en termes de qualité.

Entre autres gros morceaux, mentionnons The Silent Army, du Néérlandais Jean Van de Velde, séléction cannoise 2009, qui ouvrira le festival le 22 septembre au Cinéma Impérial (repris le 27 septembre au Parc). Rien que par son sujet, ce long métrage sur les enfants-soldats s'annonce comme l'une des oeuvres coup de poing de l'événement. Idem pour Fleur du désert, film tiré du livre de la mannequin somalienne Waris Dirie, qui en avait sensibilisé plusieurs aux horreurs de l'excision (27 septembre et 2 octobre au Cinéma du Parc). Présenté en clôture de festival, le film Skin raconte pour sa part l'histoire d'une jeune fille noire née de parents blancs dans l'Afrique du Sud des années apartheid - un drame surréaliste inspiré d'un fait vécu (3 octobre à l'Impérial).

Côté documentaires, au moins deux brûlots majeurs parmi une vingtaine de films: American Jihadist porte un regard sur l'Islam à travers les yeux d'Isa Abdullah Ali, Américain converti transformé en soldat d'Allah (1er octobre à l'ONF), tandis que American Faust: From Condi to Neo-Condi analyse l'héritage politique de Condoleezza Rice qui fut un temps - et pas toujours pour le mieux - la femme la plus puissante des États-Unis (29 septembre au Cinéma du Parc et 2 octobre à l'ONF).

Sujet d'actualité enfin: le Festival du film black organisera une conférence-débat sur l'industrie du cinéma noir d'ici et d'ailleurs. Alors qu'on reproche au cinéma québécois de donner peu de place aux minorités, voilà une discussion qui pourrait s'avérer instructive (1er octobre à la Maison de Radio-Canada). Table ronde également sur Haïti et le tremblement de terre, alors qu'on présentera quatre films sur le sujet, suivis d'une discussion animée par le journaliste Réal Barnabé (25 septembre à l'ONF).

Subventions

Sans admettre que la réorientation de son festival soit stratégique, Fabienne Colas concède qu'elle lui permettra peut-être d'aller chercher les subventions de la SODEC qui lui étaient refusées depuis cinq ans, sous prétexte d'une thématique trop exclusivement haïtienne. "Nous ne l'avons pas fait dans ce but, mais tant mieux si cela peut nous amener plus d'argent, explique Mme Colas. Nous sommes allés nous asseoir avec M. Macerola qui s'est montré ouvert. Pour l'instant les règles sont ce qu'elles sont, mais il semble prêt à ce que les choses changent. On attend de voir..."

Le Festival du film black est actuellement subventionné par le ministère de la culture, le ministère des affaires municipales Patrimoine Canada et la Ville de Montréal. Au chapitre des commandites privées, l'événement compte cette année sur un nouveau partenaire d'envergure: la chaîne de télé Global. Histoire à suivre.

___________________________________________________________________
Festival international du film black, du 23 septembre au 3 octobre. Informations: www.montrealblackfilm.com