Le Festival international du film francophone de Namur a maintenant amorcé son dernier droit avant le dévoilement des lauréats, demain soir.

Après avoir délibéré jusqu’à minuit, mercredi soir, le jury des longs métrages en compétition officiel a terminé son travail. La liste des lauréats qui remporteront un ou plusieurs Bayards (le nom des prix est tiré d’une légende namuroise) est prête.

«Ce festival a une vision très large de la francophonie et c’est pour moi quelque chose de très intéressant», indique le cinéaste québécois Benoit Pilon qui faisait partie du grand jury. Il sort de cette expérience heureux, enthousiaste et avec quelques bonnes réflexions sur le cinéma.

Chaque jour, après une projection, les sept membres du jury se réunissaient pour discuter du film. «Comme on voyait trois longs métrages par jour, ça faisait de longues journées de travail. C’était très sérieux. Mais nous nous sommes très bien entendus.»

Y avait-il une tendance lourde, un fil conducteur, au sein des quinze longs métrages (fictions et documentaires mêlés) inscrits à la compétition officielle? Benoit Pilon répond par l’affirmative sans hésitation.

«Il y avait une tendance lourde qui était le deuil et le deuil mal assumé. Sur les 15 films, six ou sept traitaient de cette question, c’est-à-dire de l’influence d’un deuil ou d’un deuil mal fait sur la vie, sur la façon d’agir des gens concernés.»

Lors d’une des journées de visionnement, les trois films soumis aux jurés abordaient la même question!

Autre regard

Comme un joueur de hockey professionnel contraint d’assister un match depuis la galerie de presse, Benoit Pilon a pu, durant cet exercice de quelques jours, regarder des oeuvres avec un autre regard.

«Je suis en train de terminer un film (Décharge). J’étais en montage avant de partir et là, de voir ici les forces et les faiblesses, d’analyser les films comme un spectateur, j’ai eu cette réflexion que ce n’est pas facile de faire un bon film. Il y a toutes sortes d’impératifs à considérer pour s’assurer et espérer que la sauce prenne.»

Il a aussi apprécié le fait d’avoir à développer un esprit critique et balancé par rapport à un ensemble de longs métrages réunis pour une compétition. «Cela nous amène à préciser ce qu’on aime, ce qu’on aime moins et pourquoi, dit Benoit Pilon. On regarde quelles sont nos sensibilités artistiques, les sujets ou les styles qui nous intéressent et nous intéressent moins. Comme juré, il est important de pouvoir apprécier le travail qui est fait avec certains films vers lesquels on irait peut-être moins.»

Son expérience de juré ne changera peut-être pas sa façon de faire des films mais elle l’amène à réfléchir. «Je crois que cela va m’aider à préciser certaines façons de faire, dit-il. Je trouve que dans le cinéma québécois, nous avons tendance à tout vouloir dire les choses, à expliciter. Peut-être parce qu’on est un cinéma institutionnalisé où les comités de lecture (ceux par exemple de la SODEC et de Téléfilm qui financent les productions; ndlr) nous demande de beaucoup expliquer notre démarche.»

Décharge

Réalisateur, entre autres, du documentaire Roger Toupin, épicier variété (Bayard d’Or à Namur il y a quelques années) et de Ce qu’il faut pour vivre, Benoit Pilon reviendra samedi à Montréal où il reprendra le montage de son nouveau film, Décharge, une fiction racontant l’histoire d’un homme dans la trentaine (David Boutin) qui s’est repris en mains après une jeunesse en galère.

L’homme a en fait marié la travailleuse sociale (Isabelle Richer) qui s’occupait de lui. Il mène une vie rangée et travaille comme éboueur (de là le titre). Mais sa rencontre avec une jeune droguée (Sophie Desmarais) à qui il veut venir en aide le replonge dans l’enfer duquel il était pourtant sorti.

Distribué par Remstar, Décharge prendra l’affiche au printemps ou à l’automne 2011.

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Les coûts de ce reportage sont défrayés par le FIFF.