Après les comédies Cruising Bar 2 et Le bonheur de Pierre, le réalisateur Robert Ménard revient au grand écran avec une oeuvre dramatique, Reste avec moi. Un film choral abordant plusieurs univers rattachés à une idée maîtresse : renaître.

La comédienne Danielle Proulx a été séduite d'emblée par le titre de l'oeuvre. «Un titre splendide, dit-elle. Aujourd'hui, il y a des amours jetables, des amours imaginaires, des amours impossibles. Pour moi, c'est un film d'amour.»

Julie Perreault y voit un film sur la solitude. Le réalisateur Robert Ménard évoque un film portant à la fois sur la famille, l'incommunicabilité et la réconciliation.

Film à thèmes multiples, Reste avec moi? Probablement. Chose certaine, c'est un film choral. Le long métrage s'articule autour de cinq univers que traverse, un après l'autre, un attendrissant... chaton.

Cinq univers, donc. Celui de Florian (Vincent Bilodeau) et Maggie (Danielle Proulx), couple modulé par les problèmes d'alcool de la femme. Celui de Simon (Louis Morissette) et Sophie (Maxim Roy), couple dont la solidité est émoussée par l'arrivée d'un enfant. Celui de Laurie (Julie Perreault), mère seule, et de sa fille Ariane (Alexandra Sicard); de Wilfrid Martin (Gérard Poirier), homme très seul devant la maladie de sa femme, et de Youssef (Joseph Antaki) et Fatima (Fariba), parents immigrés éprouvant des difficultés d'adaptation.

«D'avoir cinq lumières différentes, c'est ce qui est intéressant pour un réalisateur, dit Robert Ménard en entrevue. Le plus grand défi étant d'assurer la fluidité entre les scènes. Nous avons longuement travaillé sur cet aspect.»

Le film choral est-il difficile à maîtriser, voire coupe-gorge? «On ne touche pas beaucoup à ce genre au Québec», commence par dire Ménard avant d'exprimer son goût du risque.

«C'est ça qui est intéressant: les risques de se casser la gueule, dit en riant le réalisateur qui a adoré Babel d'Alejandro Gonzalez Iñarritu et les films de Robert Altman (Short Cuts, Prêt-à-porter). Sinon, je vais faire tout le temps le même film! J'aime ça, risquer, oser, me mettre en danger.»

Parlons-en. Ses deux derniers opus, Cruising Bar 2 et Le bonheur de Pierre, ont été accueillis avec froideur par la critique. Cela ne l'a pas empêché de dormir.

«Je n'ai pas de problème avec la critique. Je fais un métier pour être critiqué, dit-il. Qu'on aime ou pas, ça me prend une critique. Ce que je déplore, c'est l'acharnement de la critique qui, pendant sept, huit semaines, parle du film et le descend. Mais on ne reste pas sur un demi-échec, un film qui n'a pas marché. On avance.»

Robert Ménard sort satisfait de son tournage. «Les comédiens sont ceux que je souhaitais avoir, dit-il. Gérard Poirier est un grand monsieur doué d'une grande force. Le duo Morissette-Roy forme un couple moderne où l'on sent la prospérité. Et Danielle Proulx est bouleversante.»

Robert Ménard voulait faire un «film d'émotion» et est convaincu d'avoir atteint son objectif, autant à travers le jeu des comédiens que dans la trame sonore originale signée Michel Cusson. «Une musique silencieuse, qui parle, qui nous enveloppe», dit-il, enchanté.

Au bout du compte, le film laisse un message: sous des vies éclatées, il y a encore de l'espoir. Il est possible, avec l'aide de ses proches, de renaître.

«L'autre est important, dit Robert Ménard. Tout seul, je ne vaux rien.»

Le film sort en salle le 5 novembre. Lisez nos entrevues avec les acteurs du film vendredi prochain.