Applaudissements nourris et larmes ont accueilli à la Berlinale un documentaire poignant sur les malades du sida en Chine, cibles de discriminations quotidiennes.

«Mon but est de faire comprendre aux gens en Chine comment se transmet le virus VIH et quelles souffrances lui sont liées», a déclaré le réalisateur Zhao Liang après la projection du film Zai Yi Qi (Together). Au moins 740 000 personnes y sont infectées par le virus.

«Avant de faire ce film, je savais très peu de choses sur cette maladie», a-t-il expliqué. «Le but était de faire comprendre à davantage de Chinois comment le VIH est transmis et de quelle manière cela affecte ceux qui sont infectés».

Zhao a trouvé nombre de témoins de son film grâce à des forums de discussion sur internet. La majeure partie d’entre eux a toutefois refusé de parler à visage découvert, de crainte de «décevoir leur famille». Certains n’ont même pas voulu apparaître devant la caméra.

Parmi eux, une toxicomane de 30 ans, surnommée «lentille d’eau», raconte comment elle a décidé de mettre fin à ses jours et à ceux de son fils de 4 ans, après avoir découvert sa maladie.

«Je ne voyais plus de raison de vivre, alors j’ai acheté de la mort aux rats et je l’ai mise dans notre riz. Mon fils voulait le manger tout de suite», a-t-elle raconté en sanglotant. «Mais tout d’un coup, j’ai pensé: «Comment puis-je le laisser quitter si vite notre monde après si peu d’années». J’ai changé d’avis et jeté le riz».

Le film présente trois personnages principaux: Hu Zetao, un petit garçon de 11 ans, Liu Luping, sa tutrice, et Xia, acteur spécialiste du doublage. Dans ce «film dans le film», Zhao montre comment les discriminations à l’encontre des personnes infectées par le VIH sur le lieu du tournage se transforment peu à peu en sentiments de compassion et d’affection.

Il mène également le spectateur au domicile de Hu. Ce dernier y vit avec son père et sa belle-mère après la mort de sa mère, qui avait contracté le virus du sida. Ses proches, qui ne savent pas comment se transmet la maladie, ne lui permettent pas de mettre ses baguettes dans le plat commun, contrairement aux autres membres de la famille.

Selon un récent sondage (6000 personnes interrogées), près de la moitié des Chinois pensent que l’on peut tomber malade du sida après une simple piqûre de moustique. Et un sur cinq croit qu’une personne infectée peut contaminer les autres en éternuant devant eux.

Pour faire face aux discriminations dont il est victime - notamment sa mise à l’écart par les gens de son village - Hu a sa tactique: «Ils ont peur de moi. Ils gardent leurs distances. Alors je choisis ceux qui sont particulièrement distants à mon égard et je leurs cours après en criant : «Je vais vous attraper et vous infecte». «Et alors ils courent vraiment vite».