La cofondatrice de l’événement, Fabienne Colas, qui a toujours le mot juste, reprend celui d’un scénariste français disant que «mieux se connaître évite de mal se comprendre». Telle est la mission du Festival international du film black de Montréal qui débute jeudi soir par la projection du film d’ouverture, Case départ, un des succès-surprise de l’été sur le grand écran français.

C’est, depuis le début, un festival pour découvrir ou approfondir «la condition noire», dit l’actrice et directrice Fabienne Colas, reprenant à nouveau le mot de quelqu’un qu’elle admire – Dany Laferrière, cette fois. L’écrivain aux racines créoles participera d’ailleurs à ce 7e FIFBM en présentant, mardi prochain à l’Impérial, le grand prix hommage du festival au cinéaste malien Souleymane Cissé, « le premier réalisateur à avoir été primé au Festival de Cannes » grâce à Yeelen (Prix du Jury, 1987), rappelle la cofondatrice.

Le festival n’est cependant pas qu’une vitrine pour cinéastes noirs, insiste Fabienne Colas.
«On présente des films de réalisateurs européens, canadiens, même asiatiques. Ce n’est pas une question de couleur de peau du cinéaste, mais de la réalité qui est décrite dans les œuvres», celles des peuples d’origine africaine à travers le monde. «Cette condition noire est le seul thème directeur de la programmation», ajoute-t-elle. Plus de 300 œuvres ont été soumises et recensées cette année.

Genres cinématographiques variés

Le vaste thème est exprimé à travers des genres cinématographiques aussi variés que le documentaire, l’animation ou la comédie... comme dans Case départ, film français joué, écrit et réalisé par Fabrice Éboué et Thomas N’Gijol (Lionel Steketee complète le duo à la réalisation). Approchant les 2 millions d’entrées en France, Case départ raconte l’histoire, surréaliste, de deux frères qui, se rendant aux Antilles toucher l’héritage de leur père, se voient magiquement transportés en 1780, en pleine ère esclavagiste... C’est jeudi soir, 19 h, à l’Impérial.

Le festival est également riche côté documentaires. Entre autres, The Redemption of General Butt Naked (en première québécoise), récit et entrevue avec le redoutable et sanguinaire Joshua Milton Blahyi, seigneur de guerre libérien ayant hérité de son surnom parce qu’il massacrait des villages entiers en ne portant que des bottes et un fusil. Il est aujourd’hui devenu pasteur évangélique !

Puis, l’exceptionnel Pourquoi pas Haïti ? , documentaire de Dominic Morissette et Réal Barnabé retraçant la série de reportages que la journaliste Judith Jasmin avait réalisée en 1959 au sujet de la Perle des Antilles. Aussi, en première canadienne, Le Premier Rasta d’Hélène Lee, sur l’histoire de Leonard «Gong» Howell, fondateur de la première communauté rasta en 1939.

«On sent qu’on vit tous les mêmes choses, qu’on soit Noir de Jamaïque, d’Haïti, d’un pays d’Afrique ou d’Europe, précise Fabienne Colas. On porte tous le même regard sur nous. Et c’est une condition qui peut-être stigmatisante. Pour donner un exemple près de moi, disons que je ne sens pas avoir la bonne couleur de peau pour jouer à la télévision... Mais ce regard nous pousse aussi à rechercher de nouvelles opportunités. »

La programmation est divisée en différentes thématiques, et trois jurys ont été constitués pour remettre, le 2 octobre prochain, les neuf prix du festival.