Tintin et le capitaine Haddock partent samedi à l’abordage des écrans du monde avec la sortie en avant-première du Secret de la Licorne à Bruxelles et Paris, où le petit reporter belge partagera la vedette avec le réalisateur américain Steven Spielberg.

Sur les murs, dans le train ou les journaux, «le plus célèbre des Belges» a envahi les rues bruxelloises ces derniers jours.

Les affiches du film ont même été placardées devant le Conseil européen, qui accueillera dimanche un sommet des dirigeants de l’UE, jugé crucial pour la crise de la dette.

«On aurait bien besoin que Tintin nous aide à sauver l’euro!», sourit un fonctionnaire européen en sortant du siège du Conseil.

À défaut, le jeune aventurier devrait faire le bonheur des centaines de salles obscures européennes qui diffuseront en 3D Le Secret de la Licorne à partir de mercredi. En France seule, le film sortira sur 800 écrans, selon Sony Pictures .

«Le film est attendu avec une certaine excitation. Nous sommes curieux de voir comment Tintin va être traité par Hollywood», témoigne Dominique Maricq, auteur de plusieurs ouvrages sur Tintin et archiviste aux Studios Hergé.

Comme d’autres «tintinologues», il salue la décision prise par Steven Spielberg de lancer son film à Bruxelles plutôt qu’à Los Angeles ou Londres, où se tiennent habituellement les avant-premières des films à grand spectacle.

«C’est un geste apprécié. Depuis le début, nous  avons d’ailleurs été frappés par l’attachement de Spielberg et Peter Jackson (le producteur) à l’esprit du monde de Tintin, au respect de son caractère européen. Ils n’ont pas voulu en faire un super-héros américain», souligne-t-il.

À longueur d’interviews, les deux célèbres cinéastes insistent sur leur volonté de «ne pas trahir l’oeuvre d’Hergé», dont Spielberg avait acquis les droits après avoir découvert les albums sur le tard, en 1981.

«Il ne faut pas oublier que Spielberg est le seul cinéaste auquel Hergé a fait confiance à la fin de sa vie», précise M. Maricq.

À Bruxelles, comme à Paris, le réalisateur de E.T. sera accompagné par l’acteur Jamie Bell (Tintin), Gad Elmaleh (Omar Ben Salaad) et Joe Letteri, le superviseur des effets spéciaux de «motion capture» ou «capture du mouvement» d’après images, déjà récompensé par quatre Oscar.

Pour célébrer cette avant-première, des voitures anciennes issues des albums de Tintin paraderont dans le centre-ville et des acrobates installeront une fresque de 300 m2 évoquant les voyages du reporter du Petit Vingtième.

Dans l’après-midi, l’équipe du film sautera dans un TGV Thalys aux couleurs du Secret de la Licorne pour rejoindre Paris. Quelque 2500 personnes (1700 invités et 800 spectateurs payants) sont attendues à l’avant-première en soirée au Grand Rex.

«Les places mises en vente se sont arrachées en quelques minutes. Le cinéma a donc décidé d’organiser une séance publique supplémentaire à minuit», a indiqué Axel Foye, porte-parole de Sony France.

Quasiment assurés du succès en Europe, les producteurs partent en revanche dans l’inconnu aux États-Unis où le film sortira pour les fêtes de fin d’année. Tintin étant méconnu au pays des comics, les signatures de Spielberg et Jackson devraient jouer un rôle déterminant pour attirer les spectateurs.

Si la réponse du public est positive, un deuxième Tintin est annoncé pour 2012. Réalisé cette fois-ci par Jackson, Tintin et le Temple du Soleil sera inspiré par l’album du même nom et par le précédent, Les Sept boules de cristal. Un troisième film pourrait suivre.