Les champions du box-office furent les mêmes partout en 2011 sur le territoire nord-américain.
Tant au Québec qu'ailleurs, l'adieu de Harry Potter, avec la dernière partie du diptyque Harry Potter and the Deathly Hallows, trône au sommet et porte le titre de champion de l'année. Si les autres titres figurants au palmarès sont interchangeables à quelques positions près, on remarque quand même un phénomène culturel assez marqué. Le dessin animé Les Schtroumpfs arrive en effet bon deuxième au Québec. Dans le reste de l'Amérique du Nord, il faut descendre jusqu'à la 17e position avant de trouver le dessin animé inspiré de la bande dessinée de Peyo. Steven Spielberg doit-il s'attendre à un phénomène similaire avec son Tintin, inspiré du plus célèbre dessinateur belge?
Sur le flanc québécois, l'année 2011 s'est révélée très riche sur le plan artistique; moins sur le plan des recettes aux guichets. Aucun vrai grand succès populaire n'est à inscrire au palmarès (la barre du 3,5 millions de dollars de revenus n'a pas été dépassée). Pourtant, le cinéma québécois n'a pratiquement jamais autant rayonné sur le plan international. Tellement que Téléfilm Canada, qui s'est appuyé sur les chiffres du box-office pour distribuer ses fameuses enveloppes à la performance depuis 10 ans, a récemment annoncé la création d'un nouvel «indice de réussite». Le succès d'un film ne se mesurera désormais plus uniquement au son des tiroirs-caisses. Les sélections dans les festivals internationaux et les mises en nomination obtenues dans différents galas étrangers (Oscars, Césars, Golden Globes) seront dorénavant prises en compte. Il était temps. Avec la volonté de la SODEC de sortir de l'impasse le dossier sclérosé des festivals de cinéma montréalais, peut-être entrons-nous dans une nouvelle ère. Au moins, ça bouge.
Chaque année, un phénomène vient toutefois confirmer à quel point il est pratiquement impossible de définir des règles précises dans ce qu'on appelle «l'industrie» du cinéma. Au Québec l'an dernier, Incendies a déjoué tous les pronostics. Cette année en France, une comédie dramatique que personne n'attendait a attiré 14,5 millions de spectateurs en quelques semaines à peine. Intouchables, du tandem Éric Toledano et Olivier Nakache (à l'affiche chez nous au printemps), est déjà le troisième film français le plus populaire de l'histoire. Ça fait rêver.
Champions du box-office au Québec
Harry Potter and the Deathly Hallows - Part 2 de David Yates (Warner) 9 187 410$
The Smurfs/Les Schtroumpfs de Raja Gosnell (Sony)6 344 472$*
Pirates of the Caribbean: On Stranger Tides de Rob Marshall (Disney) 5 561 474$
Fast Five de Justin Lin (Universal) 5 122 226$
Twilight - Breaking Dawn (Part 1) de Bill Condon (E1/Films Séville) 4 957 754$*
* Toujours en exploitation. Chiffres arrêtés au 15 décembre.
Les films québécois les plus populaires
Starbuck de Ken Scott (Films Séville) 3 399 338$
Le sens de l'humour d'Émile Gaudreault (Alliance Vivafilm) 3 320 863$
Gerry d'Alain DesRochers (Films Christal/Films Séville) 1 853 869$
Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau (Films Christal/Films Séville) 1 678 884$*
Café de Flore de Jean-Marc Vallée (Alliance Vivafilm) 1 540 417$*
* Toujours en exploitation. Chiffres arrêtés au 15 décembre.
Les films internationaux les plus populaires
Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois (Métropole Films) 1 345 222$
Les femmes du 6e étage de Philippe Le Guay (Films Séville) 505 660$
Biutiful d'Alerjandro Gonzalez Inarritu (Equinoxe) 490 487$
Potiche de François Ozon (Films Séville) 449 490$
Les petits mouchoirs de Guillaume Canet (Equinoxe) 327 898$
Ces chiffres ont été fournis par CINÉAC.
Les ambassadeurs du Québec dans les grands festivals
Philippe Falardeau avec Monsieur Lazhar.
Lancé au Festival de Locarno, où il a notamment obtenu le prix du public, Monsieur Lazhar a cumulé de nombreux prix, parmi lesquels celui remis au meilleur film canadien au Festival de Toronto.
Sébastien Pilote avec Le vendeur.
Lancé au Festival de Sundance, le premier long métrage de Sébastien Pilote s'est distingué avantageusement sur le circuit des festivals.
Ivan Grbovic avec Roméo Onze.
Un autre très beau premier long métrage, lancé au Festival de Karlovy Vary. Il fut ensuite repêché par de nombreux autres festivals.
Simon Lavoie et Mathieu Denis avec Laurentie.
Ce film empreint de douloureuse québécitude fut sélectionné au Festival de Karlovy Vary.
Jean-Marc Vallée avec Café de Flore.
Ce fut d'abord présenté à la Mostra de Venise, et sélectionné ensuite dans plusieurs événements internationaux tenus à l'automne.
Guy Édoin avec Marécages.
Une ovation a marqué la présentation de ce premier long métrage à la Mostra de Venise.
Anne Émond avec Nuit # 1.
Lancée au Festival de Toronto, cette première offrande d'Anne Émond a notamment obtenu le prix du meilleur film canadien au Festival de Vancouver.
Ken Scott avec Starbuck.
Fort de son succès au Québec, Starbuck a amorcé sa carrière hors frontières au Festival de Toronto, grâce à une sélection dans la prestigieuse section Galas.
Ils ont vraiment percé le marché international en 2011
Denis Villeneuve. Nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère, Incendies s'est fait valoir sur de nombreux territoires, parmi lesquels la France et les États-Unis. Le cinéaste a aussi eu droit à sa rétrospective au Festival de Karlovy Vary.
Denis Côté. Le cinéaste québécois a bénéficié d'une grande attention médiatique en France à l'occasion de la sortie en salle de Curling.
Palme d'or
The Tree Of Life de Terrence Malick
Grand Prix (ex aequo)
Once Upon A Time In Anatolia de Nuri Bilge Ceylan
Le gamin au vélo de Luc et Jean-Pierre Dardenne
Prix de la mise en scène
Drive de Nicolas Winding Refn
Prix d'interprétation féminine
Kirsten Dunst dans Melancholia de Lars Von Trier
Prix d'interprétation masculine
Jean Dujardin dans The Artist de Michel Hazanavicius
Sundance
Like Crazy de Drake Doremus (Grand Prix du jury - film dramatique)
Happy, Happy (Sykt Lykkelig) d'Anne Sewitsky (Grand Prix - film dramatique étranger)
61e Berlinale
Une séparation d'Asghar Farhadi (Ours d'or)
35e Festival des films du monde de Montréal
Hasta la vista de Geoffrey Enthoven (Grand Prix des Amériques)
68e Mostra de Venise
Faust d'Alexandre Sokourov (Lion d'or)
36e Toronto International Film Festival
Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau (Prix du meilleur film canadien)
Et maintenant on va où? de Nadine Labaki (Prix du public)
40e Festival du nouveau cinéma de Montréal
Volcano de Runar Runarsson (Louve d'or)
17e Festival Cinémania de Montréal
Polisse de Maïwenn (Prix du public)
La star
Ryan Gosling
Blue Valentine, Crazy Stupid Love, Drive, The Ides of March. Il était déjà dans la ligne de mire de tous les professionnels depuis un moment mais l'acteur canadien est devenu cette année la coqueluche des amateurs de cinéma cool et branché, tout autant que celle des médias à vocation plus populaire. Une manifestation a même eu lieu devant les locaux du magazine People quand le comité de rédaction a choisi d'élire Brad Cooper «l'homme le plus sexy» plutôt que lui...
La révélation
Jessica Chastein
Il y a un an, personne ne connaissait son nom. Puis sont venus The Tree of Life, Take Shelter, The Help, The Debt. Et la planète cinéma fut conquise.
La surprise
The Artist
En sortant de la toute première présentation de ce film muet en noir et blanc à Cannes, Harvey Weinstein a déclaré qu'il comptait amener le film de Michel Hazanavicius jusqu'aux Oscars dans les catégories de pointe. La critique américaine a suivi. Souvent cité comme meilleur film de l'année par différentes associations, The Artist part aujourd'hui avec une longueur d'avance dans la course. S'il devait l'emporter, The Artist serait le tout premier film français à mettre la main sur l'Oscar du meilleur film. Et le premier film muet à le faire depuis Wings en... 1927!
Le dérapage
Au cours de la riche histoire du Festival de Cannes, bien des films ont fait scandale, mais rarement des individus. 2011 restera l'année où le plus prestigieux festival de cinéma du monde a banni un cinéaste pour la première fois. Venu présenter Melancholia, Lars Von Trier fut déclaré persona non grata lors d'une réunion en séance extraordinaire du conseil d'administration, suite à son dérapage en conférence de presse. En gros, le trublion danois a avoué une «petite» sympathie à Adolf Hitler. Il s'est aussi déclaré nazi...
Découverte
Qu'on en commun Martin Scorsese (Hugo), Werner Herzog (Cave of Forgotten Dreams), Wim Wenders (Pina) et Steven Spielberg (Les aventures de Tintin: Le secret de la Licorne)? Ces grands cinéastes ont découvert cette année les vertus du cinéma en 3D. Ce faisant, ils ont réussi à redonner une certaine noblesse à une technologie exploitée n'importe comment par les grands studios hollywoodiens depuis deux ans. Ang Lee et Baz Lurhmann s'y mettront aussi en 2012.
La semaine prochaine: Les 20 films qui marqueront 2012