Les actrices Julianne Moore et Michelle Williams, muses de nombreux cinéastes indépendants, ont lancé l'édition 2019 du Festival du film de Sundance, marquée en ouverture par le retrait annoncé de son fondateur Robert Redford, qui souhaite jouer un rôle plus effacé.

Lors de la traditionnelle conférence de presse d'ouverture jeudi, l'acteur de L'Arnaque et Out of Africa, âgé de 82 ans, est apparu seul en scène et a lancé aux journalistes : « Après avoir fait cela pendant 34 ans, depuis que le festival a été lancé, je pense que je suis arrivé à un point où je peux occuper une place différente. »

Près de 120 longs métrages seront présentés jusqu'au 3 février à Sundance, où sont attendues de nombreuses stars, parmi lesquelles Emma Thompson, Hilary Swank, Viola Davis, Jake Gyllenhaal, Toni Collette, Annette Bening, Demi Moore, Keira Knightley ou Zac Efron.

Figure tutélaire du festival, qu'il a créé il y a plus de 30 ans à Park City, dans les montagnes de l'Utah, Robert Redford a expliqué qu'il voulait passer plus de temps avec les cinéastes invités à Sundance. « J'ai passé beaucoup de temps à vous présenter le festival, mais je pense qu'il n'a plus besoin d'introduction, il marche avec ses propres jambes », a-t-il ajouté.

Robert Redford n'assurait pas la gestion quotidienne de Sundance ni sa programmation, mais cet « effacement » annoncé fait écho à la décision de l'acteur, annoncée l'an dernier, de mettre un terme à sa carrière au cinéma, avec le long métrage The Old Man and the Gun, sorti en octobre aux États-Unis.

Hollywood avait spéculé sur son éventuelle nomination pour un Oscar avec ce dernier rôle de braqueur au grand coeur - Robert Redford a été oscarisé comme réalisateur, mais jamais comme acteur - mais l'Académie des arts et des sciences du cinéma lui a finalement préféré un autre vétéran du septième art américain, Sam Elliott.

Célébrer le cinéma indépendant

Plus tard dans la soirée, les festivités proprement dites ont commencé avec la présentation, en avant-première mondiale, de After the Wedding, remake du film de la Danoise Susanne Bier, avec Julianne Moore et Michelle Williams dans les rôles principaux.

Les deux actrices, habituées du festival, ont expliqué sur le tapis rouge à l'AFP leur attachement à la manifestation. « Nos sensibilités ont été façonnées par ce genre de films, et c'est là que nous avons fait l'essentiel de nos carrières, donc bien sûr, c'est très important », a déclaré Julianne Moore, accompagnée de son mari Bart Freundlich - réalisateur de After the Wedding.

« Cela fait très longtemps que j'y viens, et c'est un formidable espace pour le cinéma indépendant aux États-Unis, pour le développer et le célébrer, et c'est très agréable d'être de retour », a déclaré pour sa part Michelle Williams. « C'est vraiment un endroit très hospitalier, chaleureux », a-t-elle ajouté.

Quant au film, qui met aux prises la responsable d'un orphelinat en Inde et une riche bienfaitrice new-yorkaise, Julianne Moore observe qu'il est « compliqué et humain. Il ressemble à la vie. Et c'est toujours ce que je recherche dans un rôle ».

Le festival présentera aussi plusieurs documentaires ancrés dans l'actualité, que ce soit sur la chute d'Harvey Weinstein (Untouchable), le scandale Cambridge Analytica (The Great Hack) ou l'irrésistible ascension d'Alexandria Ocasio-Cortez, la jeune parlementaire démocrate récemment élue au Congrès américain (Knock Down the House).

Un documentaire-événement en deux parties, Leaving Neverland, devrait également faire grand bruit, en dévoilant les témoignages de deux jeunes hommes accusant Michael Jackson de les avoir agressés sexuellement lorsqu'ils étaient enfants.

L'édition 2019 de Sundance sera aussi plus féminine que jamais : sur l'ensemble des projets projetés, 47 % ont été créés ou réalisés par des femmes, selon le festival.