Six mois après les attentats de Paris et en plein état d'urgence, le Festival de Cannes sera entouré du «plus haut niveau de sécurité possible» avec un dispositif qui se veut discret pour ne pas gâcher la plus grande fête planétaire du cinéma.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve qui devrait venir inspecter le dispositif peu avant le coup d'envoi le 11 mai du Festival, a promis que l'événement serait doté du «plus haut niveau de sécurité possible, dans le contexte de menace terroriste que chacun a à l'esprit».

Pour cette édition 2016, le maire de Cannes David Lisnard évoque «des mesures de contrôle supplémentaires, notamment des fouilles aléatoires dans tous les quartiers de Cannes».

«On prend toutes les mesures pour que l'événement soit à la fois sécurisé et populaire», insiste-t-il.

Pour roder les forces de l'ordre au scénario du pire, celui d'un attentat terroriste, la ville de Cannes a été le théâtre fin avril d'une simulation d'attaque: l'explosion d'un véhicule piégé devant une école suivie de l'arrivée de quatre terroristes dans une salle de cinéma du Palais des festivals où se trouvaient 180 figurants...

L'exercice a permis de déceler des failles dans la coordination, selon le sous-préfet Philippe Castanet.

La Ville de Cannes, destination touristique internationale (2 millions de visiteurs annuels), a décidé de se doter d'un «plan communal de prévention du risque terroriste», une première en France, selon son maire. Quatre experts, dont un ancien responsable anti-terrorisme israélien, ont déjà réalisé un audit pour analyser les points de vulnérabilité de la ville.

En attendant, c'est tout un dispositif déjà bien rodé qui se mettra en place la semaine prochaine à Cannes pour le Festival, fortement médiatisé et qui peut constituer une cible de choix.

«Bulle étanche de sécurité autour du tapis rouge»

L'édition 2015 s'était déroulée quatre mois après les attentats parisiens contre Charlie Hebdo et un supermarché casher perpétrés par trois jihadistes (17 morts).

Ce contexte avait alors impliqué «une sécurité un degré au-dessus de celle de l'année précédente», avait précisé le préfet des Alpes-Maritimes Adolphe Colrat. Le dispositif comprenait pour la première fois un centre de commandement unique pour toutes les forces de l'ordre.

La sécurité des sites internet du Festival de Cannes avait été vérifiée pour éviter les piratages. Les réseaux sociaux, avec leurs appels aux rassemblements, avaient été surveillés depuis Paris. Une zone de sécurité maritime avait été tracée, les drones interdits de survol, les grands axes de sorties d'autoroute et l'aéroport de Nice, qui dessert Cannes, placés sous surveillance.

La nouvelle édition 2016 se déroulera après les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis (130 morts) et ceux du 22 mars à Bruxelles (32 morts).

Le périmètre du plan de sécurité, dont les effectifs sont tenus secrets, semble avoir été élargi. Le préfet doit présenter lundi après-midi le dispositif de sécurité du festival.

Pour les forces de l'ordre, les paillettes de Cannes signifient onze longues journées à surveiller une foule dense, potentiellement dangereuse pour les personnalités qui fouleront le tapis rouge, protégées comme chaque année par une «bulle étanche» de sécurité autour du Palais du festival. Quelque 500 personnes sont chargées de la sécurité intérieure du Palais et de sa proximité immédiate, auxquelles s'ajoutent les forces de sécurité nationales et municipale mobilisées pour l'événement.

Durant le festival, la population triple pour passer à quelque 210 000 personnes, avec un pic de délinquance en mai et des malfaiteurs qui fondent sur la Côte d'Azur. Au point de parfois voler la vedette aux stars hollywoodiennes, avec de rocambolesques disparitions de bijoux au milieu de l'édition 2013 ou un fracassant hold-up à 17,5 millions d'euros dans une boutique Cartier de la Croisette juste avant l'édition 2015.