Du sulfureux Théo et Hugo dans le même bateau au poignant Nunca vas a estar solo, la Berlinale fait la part belle aux questions gaies alors que les Teddy Awards, récompenses distinguant des films traitant de l'homosexualité, fêtent cette année leurs 30 ans.

Théo et Hugo dans le même bateau d'Olivier Ducastel et Jacques Martineau (Jeanne et le garçon formidable), présenté dans une section parallèle du festival, capte, l'espace d'une nuit et quasiment en temps réel, la naissance d'un amour entre deux garçons, avec la menace du sida en toile de fond.

Le film, qui a été très commenté avant même d'être projeté à la Berlinale en raison d'une bande-annonce savamment distillée, débute dans la backroom d'un bar gai parisien, théâtre d'une longue scène de sexe très crue, quasi-documentaire.

«Il faut admettre que cette scène n'a pas rendu la production du film très simple», reconnaît Jacques Martineau dans le dossier de presse du film, évoquant la ««performance» qui consiste à filmer des comédiens en érection».

Dans l'anonymat des corps, Hugo et Théo vont vivre un improbable coup de foudre, bien vite assombri par la menace du sida. On suit alors leur errance dans un Paris nocturne magnétique, entre angoisse, désir et interrogations sur leur avenir commun.

Kiki, de la Suédoise Sara Jordenö, propose une plongée dans la scène LGBT (lesbiennes, gais, bisexuels et transsexuels) des ballrooms new yorkais, lieux de danse et d'expression pour les minorités sexuelles noire et latino.

Salué lors du dernier Festival de Sundance, ce documentaire, qui s'inscrit dans le sillage du mythique Paris is Burning, documentaire de 1990 sur les drags queens de New York, s'appuie sur des portraits émouvants de jeunes gais, trans ou lesbiennes.

Ils trouvent espoir et réconfort au sein de ce mouvement underground, né dans le Harlem des années 30 et qui a connu un regain de vie dans les années 80.

Nunca vas a estar solo (Tu ne seras jamais seul): dans son premier film, le jeune musicien chilien Alex Anwandter, 32 ans, évoque le combat d'un père pour payer les frais médicaux de son fils, hospitalisé à la suite d'une violente agression homophobe.

Cette fiction s'inspire du meurtre en 2012 à Santiago d'un jeune homosexuel, Daniel Zamudio, torturé par quatre hommes. Son décès avait profondément ému l'opinion chilienne et contribué à lever le tabou entourant l'homosexualité.

Inside the Chinese Closet (Dans le placard chinois), de Sophia Luvarà: le documentaire se penche sur la condition des gais et lesbiennes en Chine, où l'homosexualité est officiellement dépénalisée depuis 1997, mais où la force des conventions demeure forte.

Ainsi Andy est-il pressé par son père d'épouser au plus vite une lesbienne afin de sauver les apparences tandis que Cherry, qui a déjà contracté un faux mariage, doit faire face aux attentes de ses parents qui désirent qu'elle tombe enceinte.

Quand on a 17 ans, d'André Téchiné: ce long métrage - l'un des deux films en course pour l'Ours d'or abordant l'homosexualité avec United States of Love du Polonais Tomasz Wasilewski - raconte l'histoire de Damien et Tom, deux lycéens que tout oppose et dont la relation évolue de l'agressivité au désir.

Ce film «montre le temps qu'il faut à des adolescents programmés pour l'hétérosexualité pour se déprogrammer», a expliqué le réalisateur français à l'AFP.

Les Teddy Awards consacrent aussi une rétrospective à leur 30 ans, avec la projection de 17 films dont Je, tu, il, elle de Chantal Akerman.

La Berlinale présente également en avant-première une version restaurée de Différent des autres de l'Autrichien Richard Oswald (1919), l'un des tout premiers films sur l'homosexualité.