L'acteur-réalisateur suisse Vincent Perez célèbre la résistance allemande au nazisme dans Alone in Berlin, présenté lundi en compétition à la Berlinale, un film «sur le courage» dans un contexte actuel de montée de l'intolérance en Europe, selon son actrice principale Emma Thompson.

Le film est l'adaptation du roman éponyme de l'Allemand Hans Fallada, publié en 1947 et lui-même fondé sur l'histoire véridique du couple Hampel exécuté en 1943.

Tourné en anglais, Alone in Berlin, raconte l'histoire d'Otto Quangel, interprété par Brendan Gleeson (Harry Potter, Gangs of New York) et de son épouse Anna, jouée par Emma Thompson.

Après la mort au front de leur fils unique, ils se lancent dans la résistance au nazisme, déposant dans Berlin des cartes postales comportant des messages antinazis, dans l'espoir d'éveiller les consciences. Découvrant ces cartes, l'inspecteur Escherich de la Gestapo (Daniel Brühl) lance une chasse à l'homme pour en retrouver les auteurs.

«Un couple qui perd son enfant et qui ensuite réussit à se reconstruire à travers une cause commune, je pense que c'est un beau sujet et c'est ce qui m'a intéressé», a expliqué Perez lors d'une conférence de presse.

Le cinéaste, qui a grandi en Suisse mais dont la mère est allemande et le père espagnol, a souligné avoir «hérité de cette culpabilité» allemande sur le nazisme. «Je me posais beaucoup de questions. Le film est la réponse à ces questions», a poursuivi l'acteur de Cyrano de Bergerac et Indochine, dont c'est le troisième long métrage comme réalisateur.

«C'est un film sur le courage, sur le fait de dire des choses qui ne sont pas populaires», a commenté Emma Thompson.

En Europe, «je pense qu'actuellement, le fait que des gens tournent le dos à ceux qui ont besoin d'aide et n'arrivent pas à dire la vérité ou à faire ce qu'ils sentent vraiment est très courant», a-t-elle ajouté, interrogée sur la crise des réfugiés et la montée du mouvement d'extrême droite Pegida en Allemagne.

«Ce dont parle le film est malheureusement toujours très pertinent et actuel parce que dans toute l'Europe, et en particulier dans ce pays, il a une droitisation», a renchéri l'acteur allemand Daniel Brühl (Goodbye, Lenin!).

«Je pense que nous devons tous rester très vigilants pour ne pas être empoisonnés par ces gens et leurs attitudes racistes et fascistes montantes. Cette maladie n'a pas disparu, et c'est pourquoi je pense qu'il est important de raconter ces histoires», a-t-il ajouté.

Traduit en anglais en 2009, le livre de Hans Fallada a déjà été porté à l'écran plusieurs fois en Allemagne, pour la télévision dans les années 60 et 70 et au cinéma en 1975 par Alfred Vohrer.

Vincent Perez a expliqué avoir décidé de le tourner en anglais pour «le rendre international».