Les stars hollywoodiennes Colin Firth, Emma Thompson et Kirsten Dunst ou encore le cinéaste français André Téchiné auront les honneurs de la Berlinale 2016 qui donnera en outre un coup de projecteur à la crise des réfugiés.

Le festival berlinois dont le jury est présidé par l'actrice américaine Meryl Streep, débute jeudi avec, hors compétition, le nouveau film des frères Coen, Ave César!, réunissant George Clooney, Channing Tatum et Tilda Swinton.

La compétition, avec18 films, débutera le lendemain et jusqu'au 20 février lorsque le jury de sept personnalités (dont l'acteur britannique Clive Owen, la photographe française Brigitte Lacombe et le comédien allemand Lars Eidinger) décernera l'Ours d'or.

Fidèle à sa réputation de festival engagé, l'an passé, c'est le dissident iranien Jafar Panahi qui avait remporté la récompense suprême pour Taxi Téhéran, tourné en secret en Iran.

Cette année, l'un des films les plus attendus est l'adaptation du best-seller Seul dans Berlin de l'écrivain allemand Hans Fallada, troisième long métrage du Suisse Vincent Pérez.

L'acteur-réalisateur a mis Emma Thompson et Brendan Gleeson dans la peau du couple Quangel qui se lance dans la résistance au nazisme après la mort au front de leur fils unique.

La littérature sera aussi à l'honneur avec Genius qui marque les débuts au cinéma du metteur en scène de théâtre britannique Michael Grandage.

Le film s'intéresse à Max Perkins (Colin Firth), l'éditeur d'Hemingway (Dominic West), F. Scott Fitzgerald (Guy Pearce) et Thomas Wolfe (Jude Law). Nicole Kidman complète cette distribution de haut-vol.

L'Américain Jeff Nichols, remarqué pour Mud et Take Shelter, présente lui un thriller de science-fiction, Midnight Special avec son acteur fétiche Michael Shannon et Adam Driver, nouvelle figure du mal dans le dernier Star Wars.

Côté français, on retrouve le réalisateur André Téchiné, 72 ans, qui vient à Berlin avec Quand on a 17 ans et Sandrine Kiberlain. Gérard Depardieu sera là mais hors compétition dans Saint-Amour, un road-movie viticole dans lequel Benoît Poelvoorde incarne son fils.

«La France fait des films qui prennent vraiment le pouls de l'époque, ils reflètent les dures réalités de ce monde», se félicite Dieter Kosslick le président du festival.

Première depuis 20 ans, la Berlinale a sélectionné un film en arabe se déroulant dans le monde arabe. Hédi, du Tunisien Mohamed Ben Attia, raconte une histoire d'amour avec la révolution de 2011 en toile de fond.

Droit au bonheur et réfugiés

«Le thème principal de cette année, c'est le droit au bonheur, le droit à un logement, à l'amour, le droit de choisir sa vie», résume M. Kosslick.

Il n'est donc guère surprenant que la Berlinale porte son attention à la crise des réfugiés. D'autant que l'Allemagne a accueilli en 2015 plus d'un million de demandeurs d'asile.

Pour le documentaire en compétition Fuocoammare (Fire at Sea), le réalisateur Gianfranco Rosi a passé sept mois sur l'île italienne de Lampedusa, racontant l'histoire de la communauté locale en première ligne face à l'afflux migratoire.

L'attention portée aux grandes problématiques contemporaines est d'ailleurs une marque de fabrique du festival, né en pleine Guerre froide. «Depuis 1951, la Berlinale a contribué à promouvoir la paix entre les peuples et cette année ne fait pas exception», rappelle M. Kosslick.

Plus d'une douzaine de films dans les sections parallèles se penchent sur ceux qui fuient la guerre, l'oppression et la misère.

La Berlinale organisera aussi des initiatives pour les réfugiés: collectes de dons, invitations aux projections, ou stages avec l'équipe du festival.

«Nous avons besoin de nous confronter à la réalité autour de nous et pas seulement de rigoler sur le tapis rouge», insiste M. Kosslick.

Pour le critique du quotidien berlinois Tagesspiegel, Jan Schulz-Ojala qui suit la Berlinale depuis 20 ans, le festival arrive au bon moment.

«On assiste à un repli par rapport à l'accueil des réfugiés en Allemagne et à une montée des groupes d'extrême-droite», dit-il dit à l'AFP.

«La Berlinale a la possibilité d'aborder le problème avec un angle différent (...) et l'art du cinéma peut aider à lutter contre les réactions fondées sur les préjugés», espère-t-il.

L'essentiel du programme de la 66e Berlinale

EN COMPETITION

24 semaines d'Anne Zohra Berrached, Allemagne

Seul dans Berlin de Vincent Perez avec Emma Thompson et Brendan Gleeson, Allemagne/France/Grande-Bretagne

Boris sans Béatrice de Denis Côté, Canada

Cartas da guerra (Lettres de la guerre) d'Ivo M. Ferreira, Portugal

Chang Jiang Tu (Courant contraire) de Yang Chao, Chine

Genius de Michael Grandage avec Colin Firth, Jude Law, Nicole Kidman, Guy Pearce, Grande-Bretagne/États-Unis (premier film)

Ejhdeha Vared Mishavad! (Un dragon arrive) de Mani Haghighi, Iran

Fuocoammare (La mer en feu) de Gianfranco Rosi, Italie/France (documentaire)

Hele Sa Hiwagang Hapis (Une berceuse au mystère douloureux) de Lav Diaz, Philippines/Singapour

Inhebbek Hedi (Hédi) de Mohamed Ben Attia, Tunisie/Belgique/France (premier film)

Kollektivet (La communauté) de Thomas Vinterberg, Danemark/Suède/Pays-Bas

L'avenir de Mia Hansen-Love avec Isabelle Huppert, France/Allemagne

Midnight Special de Jeff Nichols avec Michael Shannon, Kirsten Dunst et Adam Driver, États-Unis

Quand on a 17 ans d'André Téchiné avec Sandrine Kiberlain, France

Smrt u Sarajevu (Mort à Sarajevo) de Danis Tanovic, France/Bosnie

Soy Nero de Rafi Pitts, Allemagne/France/Mexique

Zero Days (Zéro jours) d'Alex Gibney, États-Unis (documentaire)

Zjednoczone Stany Milosci (Les États-Unis de l'amour) de Tomasz Wasilewski, Pologne/Suède

HORS COMPETITION

Ave César! de Joel et Ethan Coen avec Josh Brolin, George Clooney, Ralph Fiennes, Scarlett Johansson, Tilda Swinton et Channing Tatum, États-Unis/Grande-Bretagne

Saint-Amour de Benoit Delépine et Gustave Kervern avec Gérard Depardieu et Benoit Poelvoorde, France/Belgique

Mahana (Le patriarche) de Lee Tamahori, Nouvelle-Zélande

Des nouvelles de la planète Mars de Dominik Moll, France/Belgique

Chi-Raq de Spike Lee, avec Jennifer Hudson et Angela Basset, États-Unis

BERLINALE SPÉCIAL

A Quiet passion (Une calme passion) de Terence Davies, avec Cynthia Nixon, Grande-Bretagne/Belgique

Creepy de Kiyoshi Kurosawa, Japon

Den allvarsamma leken (Le jeu sérieux) de Pernilla August, Suède/Danemark/Norvège

Miles Ahead de Don Cheadle qui incarne Miles Davis au côté d'Ewan McGregor, États-Unis

National Bird, de Sonia Kennebeck, États-Unis

The Music of Strangers: Yo-Yo Ma and the Silk Road Ensemble de Morgan Neville, États-Unis (documentaire)

The Seasons in Qincy: Four Portraits of John Berger de Colin MacCabe avec Christopher Roth et Tilda Swinton, Grande-Bretagne (documentaire)

Where to Invade Next de Michael Moore, États-Unis (documentaire)