Dans le long métrage The King’s Man, les acteurs Rhys Ifans et Tom Hollander sont propulsés dans les coulisses de la Première Guerre mondiale, dans des rôles aux antipodes l’un de l’autre. Le premier incarne le charismatique moine russe Raspoutine, tandis que le second se glisse dans la peau de trois monarques qui contrôlaient la moitié de l’Europe, à l’époque. Entretien.

Les deux premiers films d’espionnage de la franchise Kingsman se voulaient des pastiches des films de James Bond des années 1960, avec une profusion de gadgets extravagants, dans le style très particulier de Matthew Vaughn (Kick-Ass, X-Men – First Class). Avec The King’s Man (The King’s Man – Première mission en version française), le cinéaste retourne une centaine d’années en arrière pour explorer le fil (sanglant) des évènements qui ont mené à la création de l’agence de renseignement indépendante Kingsman.

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Ralph Fiennes incarne le duc d’Oxford dans The King’s Man.

Le duc d’Oxford, incarné par l’acteur anglais Ralph Fiennes (The Grand Budapest Hotel, Harry Potter), se trouve au cœur du long métrage, qui met de l’avant les jeux de coulisses et les luttes de pouvoir au sein de la monarchie européenne, avant et pendant la Première Guerre mondiale. De par son rang, l’aristocrate est aux premières loges pour voir ce qui se passe. Sur le plan personnel, il surprotège son fils unique, Conrad (Harris Dickinson), jusqu’à ce qu’il ne puisse plus l’empêcher de s’enrôler dans l’armée. Pacifiste, il s’active d’abord dans l’ombre, avec l’aide de deux fidèles employés (Gemma Arterton et Djimon Hounsou), pour mettre un terme à la guerre. Le trio, qui n’a pas froid aux yeux, prend finalement les choses en main et affronte les membres sans pitié d’une organisation secrète aux ramifications internationales dévastatrices.

En bonnes mains

Rhys Ifans s’est vu offrir un rôle qu’il espérait jouer depuis longtemps, celui de l’énigmatique Raspoutine. L’acteur est habitué aux rôles de composition, ayant notamment interprété l’excentrique Xenophilius Lovegood, père de Luna, dans la saga Harry Potter ainsi que le Dr Curt Connors (alias le Lézard) dans The Amazing Spider-Man. Le scénario coécrit par Matthew Vaughn et Karl Gajdusek l’a interpelé, a-t-il indiqué lors d’une entrevue en visioconférence accordée à La Presse, avec Tom Hollander.

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Le réalisateur Matthew Vaughn s’entretient avec Rhys Ifans (Raspoutine), Tom Hollander (le tsar de Russie Nicolas II) et Branka Katic (la tsarine Alexandra) durant le tournage d’une scène de The King’s Man.

« Quand Matthew Vaughn réalise quelque chose, tu sais que tu es entre bonnes mains, a souligné Rhys Ifans. Dans ce cas-ci, je l’ai trouvé courageux. Il faut avoir des couilles et de l’aplomb en tant que cinéaste pour aborder un sujet comme la Première Guerre mondiale, qui a été le conflit le plus dévastateur de l’histoire de l’humanité sur le plan des pertes de vies, dans l’esprit que Matthew l’a fait, en étant à la fois capable de rire des tyrans et de certains évènements, tout en reflétant l’ampleur du drame. La comédie amplifie en quelque sorte l’horreur de la guerre. Elle met en lumière son absurdité et le carnage qui en a résulté. La juxtaposition décalée de la comédie et de la tragédie est incroyable. »

Le guérisseur russe Raspoutine, qui a réellement exercé un étrange contrôle sur la tsarine Alexandra et sa famille avant d’être assassiné en 1916, fait partie des mercenaires qui complotent pour entraîner la chute de la monarchie dans certains pays d’Europe.

« C’est excitant de jouer quelqu’un comme lui, à la fois dangereux, mystérieux et amusant, surtout dans l’univers de Kingsman, où on n’est pas tenus d’être parfaitement fidèles aux personnages », a précisé Rhys Ifans, qui s’est entraîné pendant des mois pour effectuer une scène spectaculaire combinant des techniques de combat, des arts martiaux (jujitsu, karaté et judo) et la danse des Cosaques.

Trois monarques

L’acteur anglais Tom Hollander (Pirates of the Caribbean, Bohemian Rhapsody) incarne quant à lui le roi d’Angleterre George V, l’empereur allemand Guillaume II et le tsar de Russie Nicolas II, tous les trois étroitement liés par le sang. N’ayant pas eu à s’astreindre à un programme de conditionnement physique rigoureux, il s’est amusé au cours de l’entrevue à minimiser sa triple performance, faisant bien rire Rhys Ifans.

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Tom Hollander (à droite) incarne l’empereur allemand Guillaume II.

« J’ai évidemment trois allures différentes, mais cela n’a rien à voir avec moi, a-t-il laissé tomber, pince-sans-rire. Le mérite revient entièrement aux services du maquillage et des costumes. J’ai fait un semblant d’accent allemand pour l’un des personnages, un mauvais accent russe pour un autre et une bonne voix anglaise pour celui qui est anglais. Mais quand on les voit à l’écran, c’est une révélation. Cela peut en surprendre certains que je joue les trois gars. »

« Bien sûr, ils se ressemblent, et c’est cela la grande blague, est intervenu son complice gallois. Mais ce que tu es parvenu à faire, avec les trois, c’est refléter un sens d’inaptitude. Pendant le tournage, j’attendais avec beaucoup de plaisir de voir lequel des dirigeants allait émerger de la roulotte du maquillage. Quand je te voyais, cela amenait le plus gros des sourires sur mon visage. »

Plus sérieusement, Tom Hollander n’a pas tari d’éloges envers Matthew Vaughn. « The King’s Man est tout ce qu’on attend d’un film de la franchise, en matière de divertissement, d’irrévérence, de pure folie et de sottise, mais il y a aussi un portrait émouvant et fort de la Première Guerre mondiale, a-t-il indiqué. La façon dont Matthew s’est servi du contexte historique est formidable. Il n’a pas eu besoin d’inventer les enjeux parce que le monde était en train de s’écrouler. La moitié du film est vraie, ce qui est remarquable. Et unique. »

The King’s Man (The King’s Man – Première mission en version française) sera à l’affiche le 22 décembre.