Au Festival du nouveau cinéma (FNC), la compétition nationale des courts métrages regroupe 23 films, dont une majorité du Québec, répartis dans quatre programmes à voir en ligne. Parmi ces œuvres riches et diversifiées, notons Comme la neige au printemps, de Marie-Ève Juste, avec qui nous avons discuté.

Les festivals, peu importe leur lieu ou leur taille dans le monde, constituent une formidable plateforme de diffusion et de discussion pour les jeunes cinéastes qui se font les dents avec des courts métrages.

Parlez-en à Marie-Ève Juste, dont le premier court, Avec Jeff, à moto, s’est rendu jusqu’au Festival de Cannes et qui présente son quatrième court métrage, Comme la neige au printemps, au FNC.

« L’importance des festivals est capitale, dit cette dernière. Autant pour diffuser nos courts que pour permettre aux jeunes cinéastes de voir des films, dit-elle. Car c’est dans les festivals qu’on peut voir LE cinéma qui se fait en ce moment dans le monde. C’est autant une plateforme de diffusion rêvée qu’une école et un lieu de dialogues et de rencontres. »

Son film, adaptation de la pièce Prendre le nord : journal d’écoute, d’Anne-Marie Ouellet, raconte l’histoire d’une jeune femme (Mounia Zahzam) qui, affligée d’une maladie incurable par laquelle elle se transforme en… végétaux, se réfugie dans la cabane d’un pêcheur (Félix Beaulieu-Duchesneau) pour y vivre ses derniers jours.

« La femme de l’histoire décide de se laisser choir dans la cabane dans l’attente du dégel printanier, glisse la cinéaste. Ce texte magnifique, poétique et rempli d’intériorité nous parle d’un naufrage. C’est aussi pour moi l’histoire d’une renaissance que j’avais envie de raconter. Par métaphore, on utilise les fleurs pour montrer la métamorphose s’opérant à l’intérieur de cette femme. »

N’y a-t-il pas aussi un message écologiste ? « Absolument, répond Marie-Ève Juste. Je me demandais récemment ce qu’on peut dire à travers les films pour parler de la planète. Sans chercher à trop appuyer sur le sujet, je me disais que l’idée du changement climatique passait par la fonte de la glace. Nous avons beaucoup travaillé au niveau sonore pour évoquer quelque chose d’inquiétant. »

Le FNC se poursuit en ligne jusqu’au 31 octobre.

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Des courts à voir au FNC

L’étang, la nuit, d’Olivia Boudreau

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Une scène de L’étang, la nuit

Les comédiennes Evelyne de la Chenelière et Noémie Godin-Vigneau donnent toute la mesure de leur talent dans ce film qui s’amorce avec la naïveté d’un jeu d’enfants avant de virer en échange dramatique. Au cœur de l’été, deux sœurs retournent se baigner à l’étang de leur enfance. Au fil de leurs conversations, elles échangent des aveux longtemps enfouis en elles. Le thème exploré nous renvoie au pétrifiant silence des personnages du film 38 témoins, de Lucas Belvaux.

Comme une comète, d’Ariane Louis-Seize

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Marguerite Bouchard est Chloé dans Comme une comète.

Vedette du long métrage Charlotte a du fun, Marguerite Bouchard incarne ici Chloé, une jeune femme partie pour de courtes vacances au bord du fleuve avec sa mère (Whitney Lafleur) et le copain de cette dernière (Patrick Hivon). Chloé éprouve alors une fulgurante attirance sexuelle pour l’ami de sa mère. Le jeu des comédiens et la mise en scène sont impeccables. L’ambiance est sulfureuse.

Lune, de Zoé Pelchat

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Une scène du film Lune

Zoé Pelchat est aussi allée à Cannes, en 2018, avec la série web Dominos, dans le cadre de l’évènement Canneseries d’où elle est revenue avec le prix de la meilleure série digitale. Son court métrage Lune est à la fois un hommage à la différence, à l’exclusion et au droit de rêver (décrocher la lune), peu importe qui on est. En vedette du film, Joanie Martel incarne Babz, une jeune femme récemment sortie de prison cherchant l’amour. Elle est à la fois encouragée et découragée par son collègue gai Raoul (Alexandre Lavigne), incapable de retenir ses blagues assassines sur le physique de son « amie ».

Chez les heureux de ce monde, de Jean-François Sauvé

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Une scène de Chez les heureux de ce monde

De tous les courts métrages que nous avons vus, Chez les heureux de ce monde est sans doute le plus actuel dans sa lecture d’une certaine frange de la jeunesse. Fou, dérangeant, mâtiné de rap, abordant un univers trash, le film en noir et blanc magnifiquement tourné nous entraîne dans les pas de Lola (Jasmina Parent) qui revient très amochée d’une opération d’augmentation mammaire. Elle est raccompagnée chez elle par son copain Léo (Christian Lohez) et l’ami Gab (Émile Schneider), qui décident de faire la fête. Lorsqu’il devient évident que la santé de Lola ne va pas bien, chacun va choisir son camp.

Écume, d’Omar Elhamy

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Écume a été présenté à la Berlinale.

Présenté en février dernier à la Berlinale, Écume est une œuvre tout en intériorité qui explore les thèmes de l’emploi chez les jeunes qui ont vite quitté l’école. Pour ceux-ci, le lieu de travail peut constituer un microcosme salvateur où ils trouvent les fondements d’une famille. Comment réagir lorsque ce lieu est menacé d’effondrement ? Contrairement aux autres films vus, celui-ci propose une distribution élargie, ce qui permet de bien transmettre le poids des sentiments du scénario. Avec Hakim Loudyi et Abdelghafour Elaaziz dans les rôles principaux.