Dans Un amour impossible, adaptation du roman de Christine Angot portée à l'écran par Catherine Corsini, Niels Schneider incarne un personnage peu aimable, qui fait souffrir une famille dont il ne reconnaît pas l'existence. L'acteur en lui adore ça.

L'image de l'éphèbe aux boucles blondes des Amours imaginaires semble maintenant bien loin. Au cours d'un entretien accordé récemment à La Presse, Niels Schneider a rappelé que le deuxième long métrage de Xavier Dolan lui a ouvert les portes du cinéma français, mais il lui aura quand même fallu un moment avant que les gens du milieu puissent voir en lui autre chose qu'un « beau gars ».

«C'était bien sûr une très belle vitrine, dit l'acteur franco-québécois. Mais quand tu joues ce genre de personnage, les choses peuvent se compliquer un peu ensuite, car on a tendance à te confiner dans cette image. Je sentais qu'on avait du mal à m'imaginer jouer autre chose et je me suis senti un peu coincé. J'ai aussi fait du théâtre, joué à la télé. La maturité aidant, j'ai pu montrer une autre facette de ma personnalité d'acteur. À cet égard, Diamant noir a été un tournant.»

Ce premier long métrage d'Arthur Harari, jamais sorti en salle au Québec, mais offert sur les plateformes numériques, lui a d'ailleurs valu il y a deux ans le César du meilleur espoir masculin. Niels Schneider s'est alors mis à recevoir beaucoup de scénarios.

«En ce qui me concerne, il y a [vraiment] un avant et un après César. Cela dit, il faut aussi apprendre à gérer. Ça ne garantit pas du travail à vie!»

Un homme peu «aimable»

Parmi les nombreux longs métrages qu'il a tournés depuis Diamant noir figure Un amour impossible. Dans cette adaptation cinématographique du roman de Christine Angot, réalisée par Catherine Corsini (Partir, La belle saison), l'acteur se glisse dans la peau de Philippe, un homme des années 50, dont on suivra le parcours pendant plus d'une trentaine d'années. Le récit décrit comment cet homme issu d'une famille bourgeoise entretient des années le doute auprès d'une femme (Virginie Efira) avec qui il a vécu une brève liaison, très passionnée, de laquelle est née une fille. Parfois lâche, parfois cruel, souvent ignoble, Philippe n'a rien de vraiment «aimable» aux yeux du spectateur.

«Dans certaines scènes, j'avoue avoir pris grand plaisir à jouer un type aussi monstrueux, qui est parvenu à tout faire accepter par cette femme. Je trouvais le personnage assez fascinant dans son ignominie, d'autant qu'il garde une part de mystère. Il était aussi intéressant de trouver la voie par laquelle sa séduction pouvait passer. En tant que spectateur, j'aime beaucoup ce genre de personnage. Je préfère toujours le Joker à Batman!»

Niels Schneider ne voulait pas insister sur l'aspect machiavélique de cet homme non plus, ni tenir toujours la même note. Il a aussi voulu dessiner un personnage en phase avec son époque.

«Quand on aborde un personnage comme celui-là, on ne peut pas faire abstraction du temps dans lequel il vit ni du milieu social d'où il provient. Tout cela vient avec une posture, une façon de s'exprimer, de poser la voix. J'ai regardé beaucoup de films des années 50 et 60, notamment ceux dans lesquels joue Jean-Louis Trintignant. Cet homme a évidemment beaucoup de charme, mais il émane de lui quelque chose de très froid en même temps. Comme la froideur du bourgeois qui cache une main de fer.»

Il évoque un tournage «vraiment chouette», d'autant que la réalisatrice, Catherine Corsini, aime beaucoup travailler avec les acteurs, et s'investir dans eux.

«Je sais qu'elle a la réputation d'être dure, mais honnêtement, je n'ai pas vécu ça avec elle. Catherine peut être colérique, c'est vrai, mais il n'y a pas une once de méchanceté ou de perversité dans cette colère. Aucun abus de pouvoir non plus. Elle cherche avec toi et ne cherche pas à imposer une vision prédéterminée.»

Partenaire de jeu... et de vie

L'acteur indique aussi que «ça s'est super bien passé» avec Virginie Efira, une actrice avec qui il forme maintenant un couple dans la vie.

«Ce fut un régal de jouer avec elle, dit-il. Au moment du tournage d'Un amour impossible, Virginie et moi n'étions cependant pas ensemble encore. C'est arrivé après. Nous avons d'ailleurs tourné un autre film depuis [Sibyl de Justine Triet], et il est certain que ça change des choses. On se projette peut-être un peu moins dans l'autre quand on joue avec quelqu'un avec qui on partage une intimité. Avec des amis, c'est pareil. En revanche, l'avantage est de savoir tout de suite comment l'autre se sent, grâce à des gestes qui nous appartiennent, qu'on peut décider de redonner à l'image. Ou pas.»

Être Paul Marchand

Niels Schneider a aussi tourné l'an dernier Sympathy for the Devil, une coproduction franco-québécoise réalisée par Guillaume de Fontenay. Dans cette adaptation des récits du correspondant de guerre Paul Marchand, dont le scénario est écrit par Guillaume Vigneault, Jean Barbe et le réalisateur, l'acteur incarne le journaliste à l'époque où ce dernier couvre la guerre en Bosnie-Herzégovine. Il devrait prendre l'affiche au cours de l'année. «Humainement, ce tournage à Sarajevo a été très fort, souligne l'acteur. Dans cette ville, les traces de la guerre sont encore très présentes. C'est un film très important pour moi.»

Par ailleurs, Niels Schneider tournera bientôt, du moins en principe, sous la direction de Christian Duguay. L'acteur sera en effet de Magasin général, l'adaptation cinématographique de la série de bandes dessinées de Régis Loisel et Jean-Louis Tripp.

Un amour impossible prendra l'affiche le 5 avril.

PHOTO FOURNIE PAR AXIA FILMS

Niels Schneider et Virginie Efira dans Un amour impossible