Au Danemark, en 1755, un ex-capitaine de l’armée allemande sans le sou entreprend de coloniser les terres arides du Jutland afin d’obtenir un titre de noblesse.

S’il y a un genre que le réalisateur danois Nikolaj Arcel (La tour sombre) maîtrise, c’est bien le drame historique. Dans La terre promise, non seulement renoue-t-il avec l’impérial Mads Mikkelsen, il replonge aussi dans le Danemark du XVIIIsiècle 11 ans après le magnifique Liaison royale, campé en 1766, où il s’intéressait aux amours de la reine anglaise Caroline Mathilde, femme du roi fou Christian, et son médecin allemand.

Cette fois, l’action nous transporte en 1755, époque où le Jutland, qui deviendra le théâtre de la plus grande bataille navale durant la Première Guerre mondiale, n’avait pas encore été colonisé. Revenu sans le sou d’Allemagne, l’ex-capitaine Ludvig Kahlen (Mads Mikkelsen) souhaite y cultiver des pommes de terre dans l’espoir d’attirer les colons et d’être anobli par le roi. Outre les intempéries, les loups et les voleurs tapis dans la forêt, Kahlen devra se battre contre Frederik De Schinkel (Simon Bennebjerg), noble cruel évoquant en plus sombre l’excentrique roi du précédent film d’Arcel.

Soutiendront Kahlen le pasteur Anton Eklund (Gustav Lindh), Ann Barbara (Amanda Collin), ancienne femme de chambre de Schinkel, et Edel Helene (Kristine Kujath Thorp), cousine de Schinkel que ce dernier souhaite épouser. Vous aurez déjà sans doute deviné que se profile à l’horizon un triangle amoureux. L’ex-militaire trouvera aussi une précieuse alliée en la personne d’une petite gitane, Anmai Mus (Melina Hagberg), dont la présence lumineuse permettra quelques moments d’humour, et un chouïa de mélo, dans ce drame par endroits aussi aride que les terres du Jutland.

Écrit avec Anders Thomas Jensen (Après la noce, de Susanne Bier), d’après le livre d’Ida Jessen, La terre promise repose sur un récit au souffle romanesque dont les enjeux, bien que classiques, s’avèrent captivants. Si l’ennemi juré et les opposants aux projets du héros valeureux et visionnaire frisent souvent la caricature, ce dernier cache derrière son stoïcisme une part d’ombre qui évite que l’ensemble ne sombre dans le manichéisme le plus simpliste.

Plus encore que les nombreux obstacles qui s’accumulent au gré des saisons, ce qui rend cette page d’histoire du Danemark fascinante, c’est la somptuosité de la mise en scène de Nikolaj Arcel. Avec son fidèle complice Rasmus Videbaek à la photo, le cinéaste signe des images d’un lyrisme hypnotique. Aux huis clos aux ombres enveloppantes et aux scènes nocturnes baignées d’une lumière peu rassurante succèdent des séquences grandioses au cours desquelles les mouvements de caméra aériens dévoilent la nature inhospitalière du Jutland dans toute sa splendeur, faisant ainsi de La terre promise une ode au courage de Kahlen et aux colons qui ont cru en lui.

En salle

Le film sera présenté en version originale danoise avec sous-titres anglais et avec sous-titres français.

Consultez l’horaire du film
Bastarden (V. F. : La terre promise)

Drame historique

Bastarden (V. F. : La terre promise)

Nikolaj Arcel

Mads Mikkelsen, Amanda Collin, Kristine Kujath Thorp

2 h

7/10