À Londres, en septembre 1939, Sigmund Freud, pionnier de la psychanalyse, invite l’écrivain C. S. Lewis à venir discuter avec lui de l’existence de Dieu.

Quelques semaines avant son suicide assisté par le docteur Max Schur (Peter Warnock), Sigmund Freud (Anthony Hopkins), 83 ans, souffrant d’un cancer du maxillaire, aurait rencontré un universitaire d’Oxford dans sa résidence londonienne qu’il partageait avec sa fille Anna (Liv Lisa Fries), après avoir fui Vienne afin d’échapper au régime nazi. Le dramaturge américain Mark St. Germain a imaginé que le père de la psychanalyse a convié chez lui C. S. Lewis (Matthew Goode), qui deviendra célèbre dans les années 1950 grâce à sa série de romans jeunesse Le monde de Narnia.

Adaptation de la pièce de St. Germain, qu’il a coscénarisée avec le réalisateur Matt Brown, Freud’s Last Session souffre quelque peu de ses origines théâtrales. Hormis quelques scènes tournées à l’extérieur, dont celle où Freud et Lewis fuient les bombardements des Allemands et celle où Anna part désespérément à la recherche de morphine pour son père, et des séquences oniriques, l’essentiel du récit se déroule dans le sombre bureau surchargé de bibelots de Freud. À cet égard, on ne peut que saluer la direction artistique qui a reproduit à l’identique la célèbre pièce, divan d’inspiration orientale inclus.

Le sujet de la rencontre entre Freud, juif athée, et Lewis, qui s’est converti au christianisme avant de publier le roman Le retour du pèlerin (1933), c’est l’existence de Dieu. Y seront heureusement aussi abordés le narcissisme, la bisexualité et la relation conflictuelle entre Freud et sa fille Anna, laquelle risque de compromettre la carrière de psychanalyste pour enfants de cette dernière ainsi que le couple qu’elle forme avec la psychanalyste américaine Dorothy Burlingham (Jodi Balfour).

La joute oratoire à laquelle se livrent les deux hommes, le premier marqué par les morts prématurées de sa fille et de son petit-fils, le second, qui a fait la guerre 14-18, souffrant du syndrome du choc post-traumatique, s’avère absolument fascinante. Or, comme dans son précédent drame biographique, L’homme qui défiait l’infini, où le mathématicien Srinivasa Ramanujan discute avec son mentor G. H. Hardy, Matt Brown signe une mise en scène rigide qui rend le tout par moments fastidieux.

À la direction d’acteurs, Brown semble avoir laissé Hopkins en faire à sa tête. Se frottant la mâchoire, laissant échapper des petits rires, le grand acteur débite ses répliques avec panache, mais sans profondeur. À ses côtés, Goode ne s’en laisse pas imposer et insuffle quelque peu d’émotion à ce huis clos crépusculaire.

Freud’s Last Session est présenté en version originale anglaise.

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Freud’s Last Session

Drame biographique

Freud’s Last Session

Matt Brown

Anthony Hopkins, Matthew Goode, Liv Lisa Fries

1 h 48

6/10