En 1609 à Rome, le pape Paul V nomme un inquisiteur pour qu’il enquête sur le célèbre peintre Michelangelo Merisi, dit Caravaggio, accusé de meurtre et de blasphème.

« Je peins ce que je vois. » Toute sa vie, Michelangelo Merisi, dit le Caravage, répétera ce mantra à ses détracteurs. Génie de la peinture baroque, l’artiste a été aussi honni par le pouvoir religieux à son époque. On lui reprochait de marier le profane et le sacré, la misère humaine et le divin. Accusé de meurtre et condamné à la décapitation (le peintre était aussi un bad boy), le Caravage va fuir Rome pour se réfugier à Naples, sous la protection d’une famille puissante et noble, avant de mourir dans des circonstances mystérieuses, à 38 ans.

L’acteur italien Michele Placido a remis son chapeau de réalisateur pour raconter l’histoire fascinante et décadente du Caravage. Avec brio, le cinéaste insuffle un vent de modernité à ce drame historique. Même si sa mise en scène demeure assez classique, le jeu, la photo, les costumes et la direction artistique de son Caravage sont impeccables.

Dès les premières secondes, le spectateur est plongé dans les bas-fonds romains, dans une atmosphère à la fois dantesque et carnavalesque. Entre richesse et pauvreté extrêmes, on baigne dans l’atmosphère unique de l’époque fascinante et terrible de l’Inquisition romaine. Un décor d’ombre et de lumière qui rappelle bien sûr les toiles du maître par qui le scandale arrive.

Attiré par les gens de la rue, très sensible à la misère humaine, le Caravage a peint des criminels, des mendiants et des prostituées dans des tableaux aux références bibliques. Un sacrilège ! L’artiste, très croyant, veut rapprocher le divin de l’homme, le paradis et les bas-fonds... Une doctrine peu populaire au tournant des années 1600.

PHOTO FOURNIE PAR AXIA FILMS 

Riccardo Scamarcio et Isabelle Huppert dans une scène de Caravage

Le film met en vedette l’excellent Riccardo Scamarcio dans le rôle-titre, qui donne un air de rock star charismatique à Caravage. Louis Garrel et Isabelle Huppert lui donnent la réplique en italien, le premier dans le rôle de l’inquisiteur du pape chargé d’enquêter sur le peintre maudit ; la seconde, dans la peau de la marquise Colonna, dont la puissante famille va protéger le Caravage de ses ennemis et ses ennuis.

Caravage est une œuvre qui nous rappelle aussi le danger de la censure. Hier comme aujourd’hui, elle peut venir entraver le chemin des artistes qui s’éloignent de la bien-pensance et des dogmes. Pour représenter la réalité sans fard. Les yeux grands ouverts.

Caravage est présenté au Cinéma du Musée et au Cinéma Beaubien.

En salle

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L’Ombra di Caravaggio (V. F. : Caravage)

Drame historique

L’Ombra di Caravaggio (V. F. : Caravage)

Michele Placido

Avec Riccardo Scamarcio, Louis Garrel et Isabelle Huppert

1 h 57

7/10