Après que Joan, fondatrice d’un camp d’été de théâtre, tombe dans le coma, son fils Troy (Jimmy Tatro), un homme-enfant qui ne connaît rien à cet univers, débarque pour tenter de garder le lieu en vie, en travaillant de pair avec les animateurs et enseignants du camp, dont Amos (Ben Platt) et Rebecca-Diane (Molly Gordon).

Le pari était de créer un faux documentaire, une fiction qui ressemble à la réalité, avec un groupe d’enfants comme covedettes (un défi en soi) et une trame narrative aussi décalée qu’amusante. L’envie était de mettre de l’avant ce monde du théâtre et de la comédie musicale où des enfants trouvent un lieu qui les accepte, où ils peuvent se laisser être tout ce qu’ils sont. On a affaire à une sorte d’hommage à cette sous-culture, que les créateurs du film connaissent bien.

L’intention est belle et se traduit à quelques reprises par des scènes créatives, certaines émouvantes, d’autres cocasses. Mais une volonté claire de montrer la banalité de la vie des gens normaux sans y ajouter d’artifices cause parfois des longueurs et des platitudes qui coûtent cher à ce film au potentiel indéniable. On regrette aussi que certains personnages n’aient pas été assez développés, malgré, répétons-le, un potentiel évident – dont celui d’Ayo Edebiri, qui interprète une nouvelle prof du camp qui a menti sur son CV et n’a aucune connaissance dans ce qu’elle enseigne. Les enfants, des élèves du camp pour qui le théâtre est le centre de leur vie, sont quant à eux tous campés par de fantastiques jeunes acteurs.

Si tout n’est pas parfait dans Theater Camp, il faut tout de même noter que son passage au festival Sundance, en début d’année, lui a permis d’être repéré par la boîte de production Searchlight Pictures, qui le porte au grand écran dans un déploiement international.

Construit sur une grande part d’improvisation, Theater Camp est un film aussi amusant qu’il semble en manque d’aboutissement. Si le jeu de Ben Platt et de Molly Gordon (qui coréalise également, avec Nick Lieberman) est irréprochable, certains auront peut-être l’impression de rester sur leur faim, comme si le plein potentiel du film n’avait pas été atteint. En se basant sur des scènes partiellement préécrites et en laissant l’inspiration du moment guider leur tournage, les cinéastes ont permis des passages d’un grand naturel (l’esthétique du « documentaire » aide également), qui permettent d’adhérer facilement à l’histoire que l’on nous raconte.

Plusieurs personnages sont très attachants, le format est une idée bien exploitée et les moments de comédie qui fonctionnent sont savoureux. Theater Camp fait sourire, mais trop rarement vraiment rire. Le scénario a été coécrit par Gordon, Platt, ainsi que Nick Lieberman et Noah Galvin.

Le meilleur moment de ce long métrage, qui malheureusement s’étend un peu trop dans son dernier tiers, se trouve à la toute fin. Si le dénouement est peu crédible, une autre partie de la conclusion est tout à fait renversante : la production de fin d’été du camp AdironACTS, une comédie musicale basée sur la vie de Joan, la fondatrice du camp. Les chansons et les interprétations en font un moment clé du film, un moment que l’on n’imaginait pas possible, vu les tensions qui s’accumulent tout au long de l’été entre les personnages principaux (Rebecca-Diane et Amos sont responsables d’écrire la pièce de fin d’été).

On est sous le charme après cette longue scène où la comédie musicale est montrée presque en entier. Rien que pour ces minutes de pur plaisir théâtral (et quelques autres aussi !), Theater Camp en vaut finalement la peine.

Theater Camp est présenté en salle en version anglaise seulement.

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Theater Camp

Comédie

Theater Camp

Molly Gordon et Nick Lieberman

Avec Molly Gordon, Ben Platt, Noah Galvin et Jimmy Tatro

1 h 34

6,5/10