Un vendeur de drogue, un proxénète et une prostituée enquêtent sur un complot gouvernemental qui serait à l’origine de la création de clones de résidants de leur quartier.

Il y a des influences de Quentin Tarantino et de Stanley Kubrick dans They Cloned Tyrone, mais aussi de John Singleton et des frères Hughes. Cela dit, le premier long métrage de Juel Taylor (coscénariste de Creed II) est une proposition des plus originales.

Sans perdre un instant, nous sommes plongés dans The Glen, quartier défavorisé habité presque exclusivement par des Afro-Américains. La ville n’est jamais spécifiée. L’époque est également nébuleuse. La mode et la technologie pointent vers le tournant des années 2000, mais le grain de l’image ainsi que certaines chansons et voitures sont tout droit sortis des années 1970. Plus tard, un personnage parle de cryptomonnaie et de chaîne de blocs… Ces anachronismes sont l’une des façons de nous déboussoler. Ça fait du bien de ne pas savoir où l’on s’en va !

L’autre astuce principale est le mélange des genres : blaxploitation, film de gangsters, science-fiction, satire, suspense…

Pendant les deux premiers tiers de They Cloned Tyrone – la fin a moins de charme, en fait trop et s’étire –, Juel Taylor jongle habilement avec tous ces styles grâce à une caméra efficace, une excellente trame sonore, un récit captivant et une superbe distribution.

Fontaine (John Boyega), Slick Charles (Jamie Foxx) et Yo-Yo (Teyonah Parris) se connaissent bien, mais ne s’aiment pas particulièrement. Le premier vend de la cocaïne au deuxième, alors que celui-ci exploite cette dernière. Le trio tombe par accident sur un gigantesque laboratoire souterrain dans lequel sont fabriqués des clones ainsi que des produits qui permettent de contrôler l’esprit. Notre description de l’intrigue s’arrête ici, car Juel Taylor et Tony Rettenmaier (Space Jam : A New Legacy, Young. Wild. Free.) méritent que leurs idées singulières soient graduellement découvertes.

Différents degrés d’interprétation

La performance des trois comédiens permet à They Cloned Tyrone de ne pas être un film farfelu. John Boyega (la plus récente trilogie Star Wars, The Woman King) joue Fontaine avec une rage refoulée qu’il ne libère que brièvement. Cette retenue est en totale opposition avec Jamie Foxx (Ray, Django Unchained) et Teyonah Parris (Chi-Raq, If Beale Street Could Talk) qui forment un duo pimp et pro désopilant. Leurs insultes incessantes, leurs innombrables références à la culture populaire, leur répartie olympique. Ils sont sans merci, mais vulnérables. De très belles compositions.

PHOTO PARRISH LEWIS, FOURNIE PAR NETFLIX

Teyonah Parris, Jamie Foxx et John Boyega dans They Cloned Tyrone

Une partie du génie de They Cloned Tyrone réside aussi dans ses quelques degrés d’interprétation. Le développement dans un laboratoire secret de produits pour contrôler la population d’un quartier majoritairement noir pourrait être comparé à « l’épidémie du crack » aux États-Unis dans les années 1980. Dans ce cas-ci, le protagoniste est un vendeur de drogue, mais c’est avec la nourriture, les cosmétiques, la musique et la publicité que le gouvernement assure son emprise. Il y a matière à réflexion.

They Cloned Tyrone
(V.F. : Ils ont cloné Tyrone)

Suspense

They Cloned Tyrone
(V.F. : Ils ont cloné Tyrone)

Juel Taylor

Avec John Boyega, Jamie Foxx, Teyonah Parris

2 h 02
Sur Netflix

7,5/10