Ennio Morricone rêvait de devenir médecin, mais son père, musicien, l’a dirigé vers l’apprentissage de la trompette dès l’enfance. Itinéraire de l’un des compositeurs les plus influents des six dernières décennies.

Disparu en 2020, à l’âge de 91 ans, le célèbre compositeur italien Ennio Morricone fait l’objet d’un excellent documentaire, réalisé par l’un des cinéastes avec qui il a souvent collaboré, Giuseppe Tornatore. Pendant cinq ans, le réalisateur de Cinéma Paradiso a recueilli de nombreux témoignages (de Quentin Tarantino à Clint Eastwood en passant par tout ce que la scène musicale et artistique italienne compte de personnalités) et rassemblé de précieuses scènes d’archives. Surtout, Tornatore a pu s’entretenir longuement avec celui qui, pendant plus de six décennies, a marqué de son empreinte indélébile l’art de la musique écrite pour le cinéma.

Autrement dit, Ennio Morricone, homme discret de nature, se raconte. Et c’est passionnant. On revisitera évidemment tous les plus hauts faits d’armes d’une carrière incomparable : sa collaboration inoubliable avec Sergio Leone (un camarade de classe au primaire !), The Mission, un film qui l’a tellement bouleversé qu’il pensait au départ ne rien pouvoir composer, son rapport ambigu avec Hollywood, qui a tardé à le reconnaître, bref, tous les jalons d’un parcours exceptionnel sont évoqués, enrichis de superbes extraits visuels et sonores.

Cela dit, ce qui est survenu dans la vie d’Ennio Morricone avant le cinéma est tout aussi fascinant : une enfance pendant laquelle son père, trompettiste dans des orchestres de jazz, a obligé son fils à suivre ses traces, un talent d’arrangeur et de mélodiste qui a révolutionné le monde de la chanson italienne au début des années 1960 (magnifiques extraits de l’époque), ainsi qu’un dilemme moral qui a déchiré ce génie pendant des années, l’élite du monde musical duquel il est issu (il fut l’un des plus brillants élèves de l’Académie nationale Sainte-Cécile de Rome) regardant à l’époque de haut cet art « mineur » qu’est à ses yeux la musique de film…

Lancé à la Mostra de Venise l’an dernier, Ennio fait l’objet d’une présentation spéciale orchestrée dans le cadre du cycle Retour en Italie, fruit d’une collaboration entre l’Institut culturel italien de Montréal et le cinéma du Musée. Étrangement, aucun distributeur nord-américain ne détient encore les droits d’exploitation de ce remarquable film. Souhaitons du mouvement de ce côté.

Cette séance unique d’Ennio, présenté en version originale italienne avec sous-titres français, a lieu le 4 octobre à 19 h 30.

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Ennio

Documentaire

Ennio

Giuseppe Tornatore

Avec Ennio Morricone, Nicola Piovani, Bernardo Bertolucci

2 h 36
Au cinéma du Musée

8/10