Surtout reconnu grâce à la série de films d’action postapocalyptiques Mad Max, amorcée en 1979 (le quatrième volet, Mad Max : Fury Road, est sorti en 2015), George Miller affiche un éclectisme de bon aloi depuis plusieurs décennies.

Des Sorcières d’Eastwick jusqu’aux longs métrages d’animation Happy Feet 1 et 2 en passant par le fameux cochon Babe, le cinéaste australien porte aujourd’hui à l’écran un projet qu’il entretient depuis une vingtaine d’années : l’adaptation de la nouvelle The Djinn in the Nightingale’s Eye (Le djinn dans l’œil-de-rossignol), d’A. S. Byatt, publiée en 1994. Disposant visiblement de bons moyens, Miller nous offre, comme le titre l’indique, une espèce de conte revisité pour adultes des Mille et une nuits, transposé dans le monde moderne. Le pari est ambitieux, mais le résultat laisse néanmoins un peu perplexe.

PHOTO FOURNIE PAR ENTRACT FILMS.

Tilda Swinton et Idris Elba sont les têtes d’affiche de Three Thousand Years of Longing (Trois mille ans à t’attendre), film réalisé par George Miller.

Tilda Swinton y incarne Alithea, une femme se spécialisant dans les histoires liées aux différentes mythologies, souvent sorties de l’imagination fertile de conteurs d’anciennes civilisations. Invitée à titre de conférencière à Istanbul, l’érudite rapporte à sa chambre d’hôtel de luxe une petite bouteille achetée dans un bazar, laquelle, découvrira-t-elle sans trop de stupéfaction, contient la fumée pourpre d’une entité se transformant en génie (Idris Elba). Ce dernier ne pouvait en apparence pas mieux tomber, mais il appert que celle à qui il a le devoir de combler trois désirs en échange de sa liberté n’est finalement pas si bonne cliente. Sachant parfaitement bien que ce genre d’histoire se termine rarement bien, Alithea demeure sceptique. Et ne manifeste pas de désir particulier.

Ça manque un peu de feeling…

Le récit repose alors sur la description que fait le génie à sa nouvelle maîtresse des trois épisodes précédents où, au cours des 3000 dernières années, sa conquête de liberté s’est soldée par un échec. Miller reproduit ainsi ces trois époques différentes de l’histoire, avec une facture visuelle assez riche, mais l’ensemble est principalement constitué d’échanges dialogués entre les deux protagonistes à l’intérieur de la chambre d’hôtel. La communion entre ces deux êtres seuls est essentiellement intellectuelle.

Aussi a-t-on plus de mal à souscrire au dernier acte, où l’on tente alors d’aiguiller le récit vers un romantisme exacerbé. Mais c’est un peu trop tard.

Tilda Swinton est évidemment parfaite dans son rôle, Idris Elba également, mais on dirait que, compte tenu de l’aspect plus cérébral qu’a d’abord privilégié George Miller dans cette histoire, le feu était plus difficile à allumer au moment où des sentiments commencent à surgir.

À vrai dire, ça manque un peu de feeling.

On salue cependant cette volonté d’offrir une perspective originale sur un conte ayant déjà fait l’objet de multiples variations, d’autant qu’on sent bien le souci du cinéaste de faire honneur aux différentes cultures, notamment à travers l’usage des langues. La première langue commune que partagent Alithea et le génie est d’ailleurs le… grec ancien !

Pas aussi éclaté que le récent Everything Everywhere All at Once, auquel il fait parfois penser, Three Thousand Years of Longing (Trois mille ans à t’attendre en version française) fait néanmoins partie de ces films où la narration touche plusieurs univers à la fois. Les amateurs de contes et de mythologie ancienne seront séduits ; les autres, peut-être pas autant.

Three Thousand Years of Longing (V.F. Trois mille ans à t’attendre)

Drame fantastique

Three Thousand Years of Longing (V.F. Trois mille ans à t’attendre)

George Miller

Avec Tilda Swinton, Idris Elba, Pia Thunderbolt

1 h 48

6/10