Un journaliste et podcasteur de New York séjourne au Texas pour assister à l’enterrement d’une femme qu’il connaissait et tenter d’élucider les circonstances troubles de sa mort.

Rendu célèbre pour son rôle de Ryan Howard dans la version américaine de la série culte The Office, B.J. Novak a réalisé et scénarisé son premier long métrage en carrière, en plus d’en tenir la vedette. Mais contrairement à son collègue John Krasinki qui a trouvé sa voie comme cinéaste avec les suspenses d’épouvante A Quiet Place, il s’abreuve plutôt au film noir.

Même si Vengeance en reprend les codes et schémas narratifs, c’est pour mieux s’en détourner. Il ne faut donc pas s’attendre à une intrigue touffue dans la veine des classiques Maltese Falcon et Chinatown, mais à une perversion du genre. L’enquête sur le mystérieux décès de cette jeune femme sans histoire n’est qu’un prétexte pour parler d’autre chose.

De quoi ? De la vacuité de la société moderne et de celle de cette satanée Amérique, qui pousse l’égoïsme et la solitude chez ses habitants. En se rendant dans le sud des États-Unis, notre (anti)héros semble parfois plus intéressé à exploiter la tragédie qu’à la résoudre.

Riche et ambitieux, le scénario ne manque pas de dialogues jouissifs qui fondent dans la bouche. Le tout est enrobé d’un humour mordant qui ne verse jamais trop dans la satire et l’ironie.

Le ton verbeux rappelle toutefois que cette démonstration aurait peut-être eu meilleur goût en livre. Les propos brillants demeurent au niveau des idées, s’incarnant difficilement à l’écran. Malgré la photographie soignée et la musique de circonstance, la mise en scène manque de rythme et elle peine à afficher la personnalité de son auteur.

Ce dernier s’est toutefois donné un rôle qui lui va comme un gant. Avec sa bouille impassible à la Buster Keaton, B.J. Novak joue la condescendance avec truculence. Les relations complexes entre les personnages sont au cœur du récit, permettant à la distribution hétéroclite – qui comprend Ashton Kutcher et le controversé chanteur John Mayer – de briller.

Même s’il se termine un peu en queue de poisson, Vengeance représente une première réalisation de qualité pour B.J. Novak, qui manie déjà les mots avec grande aisance. Un talent à suivre.

En salle

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Vengeance

Film noir

Vengeance

B.J. Novak

Avec B.J. Novak, Boyd Holbrook, Issa Rae

1 h 34

6/10