Quand elle entre à l’école primaire, Nora constate que son frère aîné, qui fréquente la même école, est victime d’intimidation. Tiraillée entre son père, qui l’incite à réagir, son désir de s’intégrer, et son frère qui lui demande de garder le silence, la fillette se trouve coincée.

Issu du pays des frères Dardenne, ce premier long métrage de Laura Wandel impressionne à plus d’un titre. La cinéaste belge propose en effet une immersion totale dans la cour de récréation d’une école primaire en maintenant toujours, sans jamais le lâcher, le point de vue d’une fillette découvrant la cruauté dont est victime son frère aîné.

La caméra ne dépasse jamais en hauteur le regard des enfants. Les adultes gravitant autour d’eux n’étant vus que de leur perspective, les visages de ces derniers ne sont ainsi dévoilés au spectateur qu’au moment où ils se penchent. Visiblement bien documentée (la cinéaste a observé des cours de récréation pendant quelques mois avant d’écrire son scénario), Laura Wandel s’immisce dans une espèce de microcosme où prennent racine de façon brute les rapports humains en société.

Ce faisant, elle propose un récit constamment sous tension, où se juxtaposent parfois les plus bas instincts de la nature humaine et la façon de s’y confronter. Malgré son très jeune âge, Nora (formidable Maya Vanderbeque) comprend bien le dilemme dans lequel elle est plongée, entre un père (Karim Leklou) qui tente de savoir ce qui se passe, son désir de ne pas être intimidée pour le simple fait d’être « la sœur de », et le silence que réclame son frère Abel (Günter Duret, excellent aussi).

Sans effets, en prenant le parti pris du réalisme, ce long métrage évoque le cycle infernal de la violence qui, à la lumière des évènements que le monde vit en ce moment, ne semble jamais vouloir prendre fin.

Gratifié du prix de la presse internationale de la section Un certain regard du Festival de Cannes l’an dernier, Un monde est maintenant à l’affiche sur grand écran au Québec.

Un monde

Drame

Un monde

Laura Wandel

Avec Maya Vanderbeque, Günter Duret, Karim Leklou

1 h 13

7/10