Benjamine d’une famille de 14 enfants et douée pour le chant, Aline Dieu passe d’une enfance anonyme à une vie de star internationale le jour où sa route croise celle de l’agent d’artistes Guy-Claude Kamar. Film librement inspiré de la carrière de Céline Dion.

Film-évènement en forme de lettre d’amour à Céline Dion, Aline se définit comme une œuvre « librement inspirée de » la carrière de la chanteuse. Une précision en forme de mise en garde nécessaire quand on surfe sur 45 ans de vie en un peu plus de deux heures. Le résultat ? Sympathique et inégal.

Le début d’Aline, étrange et bancal, emprunte aux codes de la fantaisie et de l’allégorie. Puis le film migre lentement vers un format proche du film biographique classique et linéaire.

Tant mieux, car après l’ouverture sur une diva immaculée écoutant la chanson Ordinaire de Robert Charlebois, on essaie de condenser l’histoire de deux générations de Dieu (Dion) en quelques minutes. Un exercice peu convaincant qu’on aurait pu escamoter.

Le choix qu’a fait Valérie Lemercier de jouer Aline à tous les âges ne nous a pas convaincu. Pas plus que l’accent vaguement gommé qui s’éloigne davantage qu’il ne se rapproche du personnage qu’elle a voulu incarner.

Et c’est d’autant plus dommage que pour lui donner la réplique, la réalisatrice a donné à Sylvain Marcel (Guy-Claude Kamar) et Danielle Fichaud (Sylvette Dieu) des rôles sur mesure. Danielle Fichaud est excellente en mère inquiète. Sylvain Marcel joue le rôle de sa vie. Il est René Angélil sans jamais le caricaturer.

Ailleurs, on sera d’accord ou pas avec le choix des éléments biographiques retenus et la vérité historique s’y rattachant. Céline à l’émission de Michel Jasmin diffusée à Radio-Canada dans le film (on voit le logo sur une caméra), vraiment ? Rien sur le fait qu’elle ait chanté pour le pape, un des premiers grands coups de sa carrière ?

Tout cela est excusable au nom du sacro-saint « librement inspiré de ». Ce qui nous a plus irrité est que tout le côté empathique du personnage d’Aline est évacué. Mis à part une séance de signatures trop sage et un vague échange avec quelques quidams, jamais cette Aline ne s’approche de son public. Oui, on la voit émue sur scène, mais jamais on ne sent une réelle chaleur humaine, une proximité.

Plusieurs beaux moments

Plus l’histoire d’Aline avance, meilleure elle est.

Le premier beau moment survient lorsque Aline, entre la fin de son adolescence et le début de sa vie adulte, danse seule dans une maison devenue beaucoup trop petite pour elle. Ici, Aline devient Alice sur le point de se retrouver au pays des merveilles. Une savoureuse métaphore.

En tout respect pour les membres de la famille Dion qui se sont exprimés, la famille Dieu présentée dans le film est par ailleurs bien loin des Bougon. Certes, ils sont parfois rustiques et il y a quelques passages réducteurs comme cet échange sur le Vôtican et cette scène où Aline réchauffe son repas avec un séchoir à cheveux en disant que c’est « à la québécoise ».

Mais autrement, la famille dépeinte dans le film est composée de gens bien qui chantent, s’amusent, s’entraident, aiment leur prochain et gagnent honnêtement leur vie. On est loin des Bougon cyniques et adeptes des petites combines.

Et si la fameuse scène où Aline, en robe de mariée, passe par la fenêtre, est inventée à sa face même, elle est précédée d’un plan magique où la famille, émue et souriante, entonne Mille après mille de Willie Lamothe au grand bonheur d’une Aline en larmes.

Ce moment musical s’ajoute à tous les autres qui constituent le socle du film. Toutes les séquences où Aline chante sont puissantes. La trame sonore est aussi étoilée de chansons d’autres artistes mettant en valeur certains passages, dont celui d’une Aline anonyme déambulant dans Las Vegas au son de Going to a Town de Rufus Wainwright.

Tout dans ce film consacré à Céline Dion a été créé et pensé pour que nous l’aimions encore. Mais ce n’est pas non plus le grand film qu’on peut attendre sur la diva de Charlemagne. Le champ cinématographique reste ouvert.

En salle

Aline

Comédie dramatique

Aline

Valérie Lemercier

Avec Valérie Lemercier, Sylvain Marcel et Danielle Fichaud

2 h 06

6/10

Consultez l'horaire du film