Journaliste vedette à la télévision, France de Meurs est la championne de la mise en scène. Elle se met en vedette dans chacun de ses reportages, manipule les faits et a un manque criant d’empathie pour les personnes qu’elle interviewe. Or, lorsque les projecteurs s’éteignent, sa vie est un gouffre.

Virulente critique des médias, des journalistes vedettes et de l’information-spectacle, le long métrage France arrive au Québec précédé d’un parfum de polémique.

Sa présentation aux médias, lors du dernier Festival de Cannes où il était sélectionné en compétition officielle, a marqué les esprits. Certains critiques ont crié au génie, d’autres ont déchiré leur chemise. Quelques semaines plus tard, Bruno Dumont (Ma Loute, P’tit Quinquin) en a remis une couche en apostrophant France Télévisions, réseau public qu’il n’a pas en odeur de sainteté.

Dans le film, son propos passe à travers France de Meurs (un choix de nom génial), personnage qui prend tout le monde de haut, comme le propose l’affiche du film. Incarnée par Léa Seydoux, cette journaliste-présentatrice est manipulatrice, ambitieuse, désincarnée. Le sort des gens qu’elle interviewe ne la préoccupe en rien.

Or, elle est visiblement adulée du public pendu à son cou… ou peut-être pas. Car plus les scènes impliquant France et ses fans s’additionnent, plus on remarque que ces derniers n’ont pas plus d’intérêt pour elle qu’elle n’en a pour eux.

Tout ce qui les intéresse est de lui arracher un selfie, un autographe. Personne ne lui demande comment elle va, une marque de civisme pourtant très simple. Ces fans constituent la caisse de résonance de son manque d’humanisme.

Dans son entourage immédiat, ça ne va guère mieux. La communication avec son mari Frédéric (Benjamin Biolay) comme avec ses amis est minimale. Les paparazzis la piègent. Sa seule amie est son assistante Lou (Blanche Gardin).

La mise en scène de cette histoire adopte un ton très particulier, volontairement rigide. L’ambiance ici est digne d’un salon funéraire. Les malaises comme le mal-être sont constants. Et ce, même si tout est (tellement) surjoué, grossi et caricatural. Et ce, dès la première scène, construite à partir d’images d’archives où l’on voit le président Emmanuel Macron.

Cette insistance faite de mimiques et d’excès d’adrénaline manque cruellement de naturel, de sorte qu’aucun des personnages principaux n’a réussi à nous convaincre.

Il reste que France, contrairement à son personnage central, ne prend pas la pose. Le film et ses artisans bousculent, questionnent, remettent en question, donnent des coups et s’attendent à en recevoir. C’est le propre du débat, un acte démocratique aux dernières nouvelles.

En salle.

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France

Comédie satirique

France

Bruno Dumont

Avec Léa Seydoux, Blanche Gardin et Benjamin Biolay

2 h 14

6/10