Une jeune fille de 16 ans, qui trouve les gens de son âge ennuyeux, rencontre un jour un homme plus âgé, qui s’adonne à jouer dans la pièce que met à l’affiche le théâtre devant lequel elle passe tous les jours pour se rendre au lycée. Elle en développe une obsession.

Il y a un peu de L’effrontée dans ce premier long métrage de Suzanne Lindon. Un soupçon de Diabolo menthe aussi. Autrement dit, Seize printemps s’inscrit dans ce courant de films français faisant écho à cette étape particulière de la vie qu’est l’adolescence pour les jeunes filles. Ce portrait, charmant, fait écho à une vision classique qui, cependant, n’a rien à voir avec l’environnement – souvent brutal – dans lequel évoluent aujourd’hui les ados.

La jeune réalisatrice, qui porte à l’écran un scénario qu’elle a écrit à l’âge de 15 ans, a plutôt choisi de faire écho à cet état entre l’enfance et l’âge adulte sans le marquer d’une époque. Si l’intrigue est bien contemporaine, les sentiments qu’elle évoque n’ont pas d’âge. La rencontre entre Suzanne, une jeune fille de 16 ans issue d’un milieu visiblement bourgeois, et un acteur deux fois plus âgé qu’elle – sujet délicat – est ainsi transcendée par de beaux traits de mise en scène. Cette relation intense mais platonique est notamment illustrée par des chorégraphies à travers lesquelles la beauté du mouvement prend le pas sur la parole.

Il émane de ce film une douce mélancolie, accentuée par l’environnement musical qu’a choisi la réalisatrice. À la sensible trame de Vincent Delerm s’ajoutent notamment des chansons de Christophe, ainsi que le Stabat Mater de Vivaldi. Pratiquement de tous les plans, Suzanne Lindon se glisse avec aisance dans la peau de son héroïne sans rien appuyer. Face à elle, Arnaud Valois, révélé grâce à 120 battements par minute, module une partition fine et délicate.

Ce long métrage de courte durée (78 minutes à peine), qui faisait partie de la sélection officielle 2020 du Festival de Cannes, révèle en tout cas chez la jeune réalisatrice un vrai regard de cinéaste. On attend la suite avec intérêt.

Seize printemps prend l’affiche en salle ce vendredi.

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IMAGE FOURNIE PAR AXIA FILMS

Seize printemps, de Suzanne Lindon

Drame sentimental
Seize printemps
Suzanne Lindon
Avec Suzanne Lindon, Arnaud Valois, Frédéric Pierrot
1 h 18
★★★½