Vivant reclus en bordure du désert, Will est une créature surnaturelle à l’aspect humain chargée de recruter les meilleures âmes pour les envoyer habiter un corps sur la Terre. Or, la mort volontaire d’une de ses candidates et sa rencontre avec une âme-femme à l’intelligence aiguisée le forcent à se remettre en question.

Après plusieurs courts métrages, le jeune réalisateur nippo-brésilien Edson Oda propose un premier long métrage tout ce qu’il y a de plus singulier, dans le thème choisi comme dans la manière de l’explorer.

Que ce Nine Days ait fait partie de la sélection 2020 de Sundance est une évidence tant l’œuvre s’inscrit dans la vocation du festival à faire découvrir le meilleur du cinéma indépendant.

Lent, construit autour de la performance des acteurs (nombreux et excellents) pratiquement confinés à l’intérieur d’une maison, étoilé de dialogues ciselés et aux accents philosophiques, ce film rebutera sans doute une portion du public.

Mais il tire justement sa force de tous ces éléments. Il interroge, à sa façon, notre rapport au temps, à la vie, à des instants de quotidienneté trop souvent accueillis avec un haussement d’épaules, une indifférence liée à la répétition du geste.

Or, faut-il le rappeler, c’est l’addition de tous ces gestes, et pas seulement les moments d’exception, qui forme une vie. La vie. Nos vies.

Le film est très fort dans le fait que le personnage de Will est ni plus ni moins installé dans une position de force. Être surnaturel, il est un ange, voire un dieu. C’est lui qui sélectionne les âmes à qui reviendra le privilège de devenir… mortelles.

Chacune a neuf jours pour prouver qu’elle est la bonne candidate. À n’importe quel moment, Will peut les convoquer à son bureau et les remercier. Dans un tel cas, ces âmes s’effacent à tout jamais.

Mais, aussi haut dans la pyramide soit-il, Will est lui aussi un être faillible. Sensible. Bienveillant. Perturbé. Il a son caractère. Il a ses travers. Il a ses remises en question.

Cette idée de ramener l’être suprême à une dimension de simple mortel est fantastique et bouscule les principes religieux les plus élémentaires.

On constate par ailleurs qu’en amont du tournage, le réalisateur a longuement répété avec ses acteurs. Leurs personnages arrivent de divers horizons et ont des caractéristiques différentes. Mais ils jouent tous sur un même (et approprié) registre, celui de l’espoir. Espoir de descendre sur la terre. Espoir de profiter du moment présent. Espoir d’obtenir le privilège de naître.

Tout cela est très beau et, finalement, très humain !

En salle (version originale anglaise seulement)

Consultez l’horaire du film
Nine Days

Drame fantastique

Nine Days

Edson Oda

Avec Winston Duke, Zazie Beetz, Benedict Wong

2 h 04

7/10