Après avoir reçu la troublante vidéo d'une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice, une actrice célèbre prend la route avec le réalisateur Jafar Panahi dans les montagnes reculées du nord-ouest de l'Iran pour se rendre au village où habite la désespérée.

Toujours interdit de cinéma en Iran, Jafar Panahi parvient quand même à exercer son métier comme il l'entend. Son nouveau film, Trois visages, constitue un formidable plaidoyer en faveur de l'art, à travers les parcours de trois actrices de différentes générations.

Magnifiquement filmé, Trois visages est une autofiction dans laquelle les interprètes conservent leur propre nom. Ainsi, le réalisateur de Taxi Téhéran se retrouve de nouveau au volant de sa voiture, cette fois en compagnie de la célèbre actrice Behnaz Jafari.

De façon très habile, le récit évoque aussi la présence d'une actrice âgée, qu'on ne verra jamais, dont la glorieuse carrière s'est pratiquement arrêtée le jour où les ayatollahs ont pris le pouvoir et imposé leur loi islamique. Trois visages n'a pas véritablement de résonance politique, mais cette façon d'aborder la question de la place des artistes dans une société n'a évidemment rien d'anodin. Aussi louera-t-on le sens de la mise en scène d'un cinéaste qui sait toujours garder la bonne distance - des actions au loin jusqu'aux plans très rapprochés - pour mettre en relief l'histoire qu'il raconte.

Tourné en persan et en turc azéri, Trois visages a obtenu l'an dernier le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes. Il est à l'affiche à Montréal en version originale avec sous-titres français ou anglais (selon la salle).

***1/2

DRAME. Trois visages, de Jafar Panahi. Avec Behnaz Jafari, Jafar Panahi, Marziyeh Rezaei. 1 h 40.