Rares, très rares même, sont les films qui donnent envie de se mettre à genoux devant une cohorte d'acteurs, de les saluer, de les remercier du fond du coeur pour avoir mis leur art, ou peut-être de ne pas l'avoir mis, au service d'une histoire.

C'est le cas de Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche, Élodie Bouchez, Olivia Côte, Clotilde Mollet, Miou-Miou et quelques autres qui portent avec conviction ce récit poignant à un niveau d'humanité hors du commun.

Second long métrage de fiction de Jeanne Herry (Elle l'adore), Pupille est une histoire d'adoption racontée avec brio sous tous ses angles. Centré sur Théo, un bébé de 1 jour mis en adoption par sa mère biologique, ce film choral se décline sur plusieurs années et aborde à la fois la vie du poupon, de sa mère, de travailleurs sociaux et d'adultes caressant le rêve de devenir parents.

«Un sens à nos impôts»

On devine et on ressent très vite que l'oeuvre est collée à la réalité des travailleurs sociaux et du milieu médical français. «Ça donne un sens à nos impôts», a dit avec justesse Gilles Lellouche en entrevue dans un média de l'Hexagone.

Résumons. Clara (Leïla Muse) accouche d'un garçon (Théo) qu'elle donne immédiatement en adoption. Suivant le protocole, l'enfant est confié à Jean (Gilles Lellouche), assistant familial jusqu'à ce que l'État trouve la bonne famille pour ce pupille. L'enfant est finalement remis à Alice (Élodie Bouchez), une femme seule qui attendait ce moment depuis des années.

Plusieurs autres personnages se greffent à ceux déjà nommés et forment un écosystème d'amour, une équipe d'avironneurs dont tous les membres rament vers le même but : le bien-être de l'enfant.

En dépit de la gravité du sujet, le film n'est jamais appuyé. C'est ce qui est le plus beau ici.

Les acteurs ne jouent pas. Ils s'abandonnent. Ils se fondent, littéralement, en infirmière, travailleuses sociales, assistant familial, responsable du conseil de l'adoption, parents, etc.

Élodie Bouchez (La vie rêvée des anges, Brice de Nice) restera longtemps dans notre mémoire pour son rôle de mère adoptive un peu maladroite, un peu craintive, mais envahie par un bonheur contagieux au moment de sa rencontre avec Théo.

Autre qualité de l'histoire, on n'y trouve pas que du bonheur. Il y a des moments où le processus d'adoption rencontre des aspérités. Parfois, les personnages s'obstinent, se crêpent le chignon, tombent dans le déni, crient leur colère.

Une scène dans laquelle a lieu une réunion cruciale pour savoir à qui ira l'enfant est particulièrement éloquente à ce sujet.

Un couac dans ce concert d'éloges? Disons que le ton didactique employé par certains personnages tombe un peu sur les nerfs. Mais il fait sans doute écho à ce qui se passe dans la réalité. On passe vite l'éponge.

Au bout du chemin, Pupille s'intéresse à ce qui est communément appelé une deuxième chance. Celle d'un enfant naissant, celle d'une femme rêvant de maternité, celle que la vie nous donne et qu'on doit saisir lorsqu'elle passe.

À tous les niveaux, Pupille est un film bouleversant.

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Pupille. Drame de Jeanne Herry. Avec Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche et Élodie Bouchez. 1h50.

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Photo fournie par MK2, MILE END

L'affiche de Pupille