Pour les frères Demian et Leonardo Fuica, le lancement de La run dans le cadre du Festival des films du monde, la semaine dernière, empruntait la forme d’un aboutissement.

Pendant sept ans, ils auront porté leur projet à bout de bras, sans aucune aide financière des institutions, misant sur la bonne volonté des uns et des autres. Et surtout, un entêtement à toute épreuve. Privilégiant un souci de réalisme, les frangins québécois d’origine chilienne plongent dans un milieu dur : celui des junkies et de ceux qui les alimentent en drogues de toutes natures.

Au cœur du récit : Guillaume (Jason Roy-Léveillé), un jeune homme très «clean», bon garçon, qui n’a jusqu’ici jamais consenti à emprunter la même voie que son meilleur ami (Marc Beaupré), livreur au service d’une organisation criminelle. Son père (Paul Dion) ayant contracté une dette de jeu, importante au point de jeter ce dernier dans le désespoir, Guillaume décide de se «sacrifier» et entreprend d’effacer cette dette en rendant divers services.

Récit anecdotique


Ancré dans l’urbanité montréalaise, La run emprunte une approche frontale – et brutale – pour dresser un portrait d’un monde régi par ses propres règles, ses propres codes. La réalisation d’un film de ce genre avec aussi peu de moyens relève d’une sorte d’exploit, reconnaissons-le. Mais elle ne constitue pas une réussite artistique pour autant.

Les effets de mise en scène sont souvent redondants, martelés par une trame musicale parfois trop insistante. Le récit transcende rarement l’anecdote. Et ne parvient pas vraiment à atteindre une dimension plus profonde.

Si les acteurs livrent de solides performances (Roy-Léveillé, Beaupré, et surtout Martin Dubreuil – ce dernier saisissant dans le rôle d’un junkie), il reste que le «message» social se révèle ici trop appuyé, particulièrement au cours du dernier acte, forcément tragique.

La run: drame de Demian et Leonardo Fuica. Avec Jason Roy-Léveillée, Piere-Luc Brillant, Nicolas Canuel, Nanette Workman. 1h45.