L'homme-orchestre du septième art Robert Rodriguez et l'auteur-illustrateur Frank Miller refont équipe pour d'autres histoires de Sin City: A Dame to Kill For, à la fois un antépisode et une suite du film original, sorti en 2005. Neuf ans plus tard, les deux créateurs ont toujours l'esprit aussi tordu, mais cette fois, ils s'appuient sur une technologie qui n'a cessé d'évoluer.

«J'ai créé Sin City avec l'intention de publier LE roman graphique qui ne serait pas adaptable au cinéma», déclarait Frank Miller lors d'une conférence de presse à Los Angeles aux côtés de son complice Robert Rodriguez et de quatre des têtes d'affiche de A Dame to Kill For: la «dame» en question, Eva Green, Josh Brolin, Joseph Gordon-Levitt et Jessica Alba - elle, de retour dans l'univers sombre de la cité du péché.

Bref, l'artiste a eu tort - et il ne s'en plaint certainement pas, son oeuvre ayant atterri entre les mains de Robert Rodriguez. Qui, comme pour le long métrage original, a recréé l'effet sombre et percutant du noir et blanc de la bande dessinée en tournant entièrement sur écran vert, ajoutant plus tard décors et paysages, jouant avec les éclairages, bref, accouchant en grande partie de son oeuvre en postproduction.

«Lorsque nous nous sommes attelés au premier film, la technologie n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui. De plus, les acteurs ne s'étaient pas familiarisés avec ce type de tournage, le numérique était tout nouveau, personne ne tournait sur écran vert. Bref, les gens ne comprenaient pas le médium», se souvient le réalisateur qui, peu avant l'aventure Sin City, avait innové en réalisant le troisième volet de Spy Kids en 3D.

Tout cela pour dire que ce deuxième séjour à Sin City a été moins expérimental - et que s'il y a une suite, il ne faudra pas attendre neuf ans. «C'est parfait, parce que j'ai déjà les histoires en tête», note Frank Miller, qui a scénarisé et coréalisé A Dame to Kill For, comme il l'avait fait pour Sin City.

Habitué au travail en solo, «seul à mon bureau, à dessiner», il n'en revient pas encore de voir combien «les acteurs, par leur force et leur personnalité, parviennent à tout changer sans toucher aux dialogues», poursuit celui qui a grandi en regardant Superboy et Spider-man et qui a décidé, à 6 ans, que sa voix et sa voie étaient là, dans le monde du comic book.

Plus loin et plus près

«Mais ces personnages m'ont bientôt semblé bien juvéniles. Je les ai abandonnés. J'ai toutefois continué à dessiner. Plus tard, je me suis mis à la lecture des romans de Raymond Chandler.» Ces deux passions ont donné naissance à Sin City.

La fameuse série que, dans son ère pré-Rodriguez, il croyait - et voulait - impossible à transposer à l'écran. «En fait, quand nous avons amorcé Sin City et testé ce que nous pouvions faire avec le numérique et l'écran vert, nous avions décidé, sur le plan visuel, de ne pas aller aussi loin que les romans graphiques, afin de ne pas trop déstabiliser le public. Mais les spectateurs ont aimé ce traitement. Nous avions été à mi-chemin entre le comic book et le cinéma. Cette fois, nous sommes allés plus loin en nous collant davantage au matériel de base», explique Robert Rodriguez.

Ce, afin de raconter des péripéties se déroulant avant et après les événements relatés dans le premier film. Film qu'il n'est pas nécessaire de revoir pour apprécier A Dame to Kill For... Quoiqu'on gagne à se rafraîchir la mémoire pour mieux en saisir les subtilités. Cette fois, quatre récits sont mis en scène. Just Another Saturday Night a pour protagoniste Marv (Mickey Rourke), au coeur d'un carnage dont il tente de se rappeler les origines. The Long, Bad Night met en scène Johnny (Joseph Gordon-Levitt), arrogant jeune joueur de poker débarquant en ville qui affronte à la table de jeu le sénateur Roark (Powers Boothe).

Dans A Dame to Kill For, le détective privé Dwight McCarthy (Josh Brolin) se retrouve face à celle qui est à la fois l'objet de ses rêves et son pire cauchemar, Ava Lord (Eva Green). Enfin, dans Nancy's Last Dance, Nancy Callahan (Jessica Alba), folle de rage et de douleur après le suicide de John Hartigan (Bruce Willis), décide de se venger et de le venger.

Rien de nouveau sous le ciel de Sin City, quoi.

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Sin City: A Dame to Kill For (Sin City: J'ai tué pour elle) prend l'affiche le 22 août. Les frais de voyage ont été payés par Les Films Séville.