De ce côté-ci de l'Atlantique, nous n'avions pas eu de ses nouvelles depuis plus de 10 ans. Après Reines d'un jour, sorti en 2001, Marion Vernoux a réalisé un autre long métrage (À boire) dont l'écho ne s'est pas rendu jusqu'à nos rives. Deux téléfilms plus tard, élaborés pour la chaîne spécialisée Canal Plus, la réalisatrice renoue avec le grand écran grâce aux Beaux jours. Ce drame pas tout à fait dramatique est une adaptation du roman de Fanny Chesnel, Une jeune fille aux cheveux blancs.

«Ce projet m'a été proposé, indique-t-elle. Ce n'est que la deuxième fois en carrière que cela m'arrive. Et la première, c'était il y a longtemps, pour Love,etc. J'ai aimé ce travail d'appropriation. C'est très enrichissant, d'autant que j'ai eu la chance d'écrire le scénario avec l'auteure du roman. Fanny Chesnel était très ouverte à l'idée de changer des choses afin de donner au script un caractère plus cinématographique. Quand on adapte, on doit forcément aller vers l'univers de l'autre tout en y amenant le sien. J'aime beaucoup cette démarche.»

«Désardantiser» Fanny

Au moment de l'écriture, aucune actrice n'avait encore été envisagée pour camper le rôle de Caroline, cette nouvelle retraitée qui compte réinventer sa vie.

«Je suis incapable de penser à des comédiens de façon précise quand j'écris, confie Marion Vernoux. Ça me bloque complètement! Mais je peux très bien imaginer Gena Rowlands, Meryl Streep ou Emma Watson à une étape ou l'autre. Parce que j'ai quand même un type de femme en tête. En revanche, je savais que j'allais forcément travailler avec l'une des actrices françaises de cette génération-là. Et j'en avais très envie. La réaction de Fanny Ardant a été très stimulante. Nous nous sommes entendues très vite sur la manière, de même que sur la vision que nous avions de cette histoire.»

«Cela dit, poursuit-elle, j'étais quand même un peu inquiète lors de notre première rencontre, car j'arrivais avec une proposition un peu différente pour elle. La première chose que Fanny m'a dite, c'est: alors comme ça, vous me proposez un rôle de vieille? Le tabou a tout de suite été levé.»

Ce tabou-là, peut-être. Mais il y en a eu un autre, qui relève en fait davantage du non-dit que du véritable tabou. Le look de Fanny Ardant dans Les beaux jours fait en effet beaucoup penser à celui de... Catherine Deneuve.

«J'ai voulu "désardantiser" Fanny, explique la réalisatrice. Qu'elle ressemble un peu à Deneuve dans le film est un choix conscient et je pense qu'il s'agit d'un choix conscient pour elle aussi. Et nous avons eu toutes deux conscience de ne pas nous le dire, je crois! Cela dit, très honnêtement, je n'ai jamais offert le rôle à Catherine Deneuve.»