Deux ans après son lancement, est-ce qu'on peut dire que le mouvement #AskHerMore a porté ses fruits?

C'était en janvier 2011 au Festival du film de Sundance. La cinéaste américaine Jennifer Siebel Newsom présentait Miss Representation, un documentaire qui montrait à quel point les femmes travaillant dans l'industrie des médias et de la culture étaient peu représentées dans les lieux de pouvoir.

Le film a eu un tel effet que sa réalisatrice a poussé l'idée plus loin et mis sur pied un organisme à but non lucratif - The Representation Project - pour lutter contre les stéréotypes qui nuisent à l'avancement des femmes.

C'est dans ce contexte qu'est née #AskHerMore, une campagne de sensibilisation invitant les reporters sur le tapis rouge des Oscars à poser aux actrices des questions plus substantielles que: «Qui est le designer qui a conçu votre robe?»

Le mot-clic #AskHerMore (Demandez-lui davantage) est donc apparu juste avant la remise des Oscars de 2014. Il s'est ensuite propagé à d'autres cérémonies de prix comme les Emmy, les Golden Globes et les BAFTA, pour ne nommer que ceux-là.

Des actrices emboîtent le pas

Certaines voix se sont élevées pour dénoncer #AskHerMore. «S'il y a un endroit où on peut parler de la tenue des actrices, c'est bien lors d'un gala», a par exemple fait remarquer la journaliste du magazine New York Maureen O'Connor. Mais plusieurs actrices se sont tout de même jointes au mouvement et ont fait la promotion du mot-clic.

À un journaliste qui lui posait une question à propos de sa robe sur le tapis rouge des Grammy, en 2015, l'actrice Nicole Kidman a répondu: «Je ne sais pas quoi vous dire...» La même année, l'actrice Jennifer Aniston refusait de présenter sa main devant l'infâme Mani Cam, cette petite caméra montée exprès pour présenter les ongles manucurés des actrices, une pratique qui a disparu depuis.

Quant à la comédienne Amy Poehler, elle a utilisé sa communauté virtuelle Smart Girls pour faire connaître la campagne. Créée avec la productrice Meredith Walker afin d'encourager les jeunes filles à être elles-mêmes et à miser sur leur curiosité et leur intelligence plutôt que sur leur apparence, Smart Girls a lancé l'an dernier le mot-clic #SmartGirlAsk, afin de suggérer des questions intéressantes à poser aux actrices.

Mais de toutes les stars hollywoodiennes, Reese Witherspoon est de loin celle qui s'est le plus engagée dans le mouvement #AskHerMore. Finaliste pour le prix de la meilleure actrice grâce à son rôle dans le film Wild de Jean-Marc Vallée, Witherspoon a profité du fait que tous les yeux étaient tournés vers elle l'an dernier pour promouvoir cette campagne féministe sur les réseaux sociaux. Elle a accordé plusieurs entrevues dans les médias pour faire connaître l'initiative du Representation Project, en plus de la promouvoir sur son compte Instagram.

Des thèmes plus sérieux

Encore cette année, Reese Whiterspoon reprend le bâton du pèlerin en participant cette fois à une initiative du groupe de presse Time Inc. En effet, depuis deux ans, Time propose des reportages qui se veulent moins superficiels. Plutôt que d'insister sur la beauté ou l'apparence des actrices, on publie des entrevues axées sur leur carrière et leurs accomplissements. L'an dernier, le magazine Essence avait consacré sa première page à Shonda Rhimes, productrice et réalisatrice qui est entre autres la créatrice des séries Grey's Anatomy et Scandal.

Cette année, l'hebdomadaire Entertainment Weekly a lancé un numéro thématique intitulé Beyond Beautiful  qui met en vedette quatre actrices, Reese Witherspoon, Kerry Washington, Eva Longoria et Elizabeth Banks. Le reportage de six pages aborde des thèmes sérieux comme l'inégalité salariale, l'entrepreneuriat, la diversité culturelle à Hollywood, etc.

Bref, non seulement le mouvement #AskHerMore est toujours en vie, mais il n'a pas dit son dernier mot.