Une comédie douce amère, Camille redouble, et un bouleversant film sur la vieillesse, Amour, sont les grands favoris de la 38e cérémonie des Césars vendredi soir à Paris, sur fond de saga Depardieu qui a divisé le milieu du cinéma et de questions sur la rémunération de ses stars.

Pour la «famille» du cinéma français, ces Césars 2013 devaient servir de baromètre sur le niveau de tension interne après les polémiques sur l'exil fiscal de plusieurs acteurs, dont l'enfant terrible Gérard Depardieu.

Parti s'installer d'abord en Belgique, il s'est ensuite vu attribuer un passeport russe avec la perspective d'un nouveau domicile à Saransk en République de Mordovie.

Certains acteurs ont été très virulents à son égard, d'autres ont pris sa défense.

Dans le sillage de cette affaire, un important producteur français, Vincent Maraval, a déclenché une polémique sur le système généreux de financement du film français qui, selon lui, ne profiterait qu'à certains acteurs «trop payés».

Selon un palmarès européen des meilleurs salaires de stars, publié lundi, Depardieu arrivait deuxième en 2012 avec 2,3 millions d'euros pour quatre films, derrière Dany Boon (3,6 millions d'euros pour 4 films), vedette de grands succès commerciaux.

Avec treize nominations, Camille redouble de Noémie Lvovsky, film sur une quadragénaire qui revit ses 16 ans, fait course en tête pour l'édition 2013 des Césars. Mais Amour de l'Autrichien Michael Haneke, nommé dix fois dont les catégories meilleurs actrice et acteur pour deux stars françaises, Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant, pourrait lui damer le pion malgré un sujet grave.

À 85 ans, l'actrice française a déjà été récompensée par plusieurs associations de critiques américains, un Bafta britannique et le trophée de meilleure actrice aux European Film Awards pour ce rôle poignant de femme malade en fin de vie. Il lui a aussi valu sa première nomination aux Oscars, qui seront attribués dimanche aux États-Unis. Le film, lui, a déjà raflé le Golden Globe du meilleur film étranger.

Jamel Debbouze en président

La belle surprise de l'année 2012, Camille redouble, pourrait valoir à Noémie Lvovsky, à la fois réalisatrice et actrice principale du film, un César de la meilleure réalisatrice. Elle deviendrait la seconde femme ainsi récompensée depuis la création du prix, après Tonie Marshall en 2000 pour Vénus beauté (Institut).

Arrivent ensuite Les Adieux à la reine de Benoît Jacquot, sur un Versailles à son crépuscule, cité dix fois pour une statuette, l'inclassable Holy Motors de Leos Carax ou encore De rouille et d'os de Jacques Audiard avec Marion Cotillard, en lice, entre autres, pour le César de la meilleure actrice.

Pour le César du meilleur film deux titres sont en compétition étroite: Dans la maison de François Ozon, sorte de thriller littéraire, et la comédie à succès Le prénom de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière.

Chez les acteurs, Jean-Louis Trintignant, 83 ans, fait figure de grand favori au côté de Jérémie Renier (Cloclo) et Denis Lavant qui interprète 11 personnages différents dans Holy Motors.

Côté films étrangers, sept titres sont dans la course dont Argo de Ben Affleck, sur l'exfiltration par la CIA de diplomates américains cachés à Téhéran pendant la Révolution Iranienne (grand favori pour les Oscars), et la comédie britannique La part des anges de Ken Loach (Prix du Jury 2012 à Cannes) évoquant la vie d'un jeune père de famille rattrapé par son passé de délinquant.

Un César d'honneur sera remis à l'acteur américain Kevin Costner, 58 ans, lors de la cérémonie qui sera présidée par l'acteur et humoriste Jamel Debbouze, qui a promis de camper son rôle «avec tout le sérieux qu'on ne (lui) connaît pas».