Habile fable sur l’acceptation de la différence campée dans l’univers de la chevalerie, l’adaptation de la bande dessinée Nimona de ND Stevenson est offerte sur Netflix. Et c’est un film qui se démarque par son propos et un ton mordant.

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Scène du film Nimona

Dans l’esprit du conte

Ballister est sur le point d’être fait chevalier. Il deviendra le premier à recevoir cet honneur habituellement réservé aux personnes de sang noble. Sa cérémonie d’adoubement ne se passe toutefois pas comme prévu et le voilà accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. En fuite, il fait la connaissance de Nimona, une ado imaginative, dotée de capacités surnaturelles, qui a un penchant pour la destruction et qui veut l’aider à prouver son innocence et à prendre sa revanche. Pas toujours dans cet ordre… L’improbable tandem se soude au fil des combats jusqu’à ce qu’une troublante révélation secoue leur amitié.

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Scène du film Nimona

Qui est ND Stevenson ?

Les amateurs de science-fiction et de fantastique queer savent déjà qui est ND Stevenson : c’est le créateur non binaire derrière She-Ra and the Princesses of Power, série animée peuplée de filles fortes et de personnages aux identités de genre et orientations sexuelles diverses. Avant d’être un film, Nimona a été une bande dessinée romanesque mettant en vedette les deux mêmes personnages principaux – le très éthique Ballister et l’impulsive Nimona –, mais campé dans un univers encore plus chevaleresque que son adaptation à l’écran.

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Scène du film Nimona

Un propos fort

L’idée de camper son histoire dans l’univers de la chevalerie s’avère futée : puisqu’on en connaît les codes, on voit vite où et comment le scénario s’en joue. Surtout, le fait de se sentir en terrain connu fait en sorte qu’on porte une attention supplémentaire à ce que le film cherche à transmettre. Qui tourne autour de ce qu’est ou pas Nimona. Elle a l’air d’une fille, mais ce qu’elle est au fond d’elle-même transcende en réalité ce genre d’étiquette. Et elle a besoin de l’exprimer pour se sentir vivante, dit-elle.

Que Ballister ait un amoureux plutôt qu’une amoureuse devient un élément secondaire dans ce contexte. L’essence du film, c’est le regard porté sur la différence quand elle est floue ou perçue comme menaçante. Sur la douleur de la personne exclue, aussi. Un propos qui résonne fort en cette ère où, au sud de la frontière en particulier, mais au Québec aussi, l’expression de la transidentité dérange et où la haine est instrumentalisée à des fins politiques.

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Un ton mordant

L’approche visuelle et le cadre rétrofuturiste de cette version de Nimona sont convaincants. Or, ce qui fait que le film se démarque, c’est surtout son ton. Même si elle souffre du regard porté sur elle, Nimona n’a rien d’une petite princesse qu’il faut protéger. Encore moins d’une victime. C’est au contraire une fille qui a du front tout le tour de la tête et un délicieux sens de la répartie. Disons qu’elle ne détonnerait pas dans la bande de la déjantée Harley Quinn. Les dialogues sont délicieux et l’interprétation de Chloë Grace Moretz (la voix du personnage en version originale anglaise) est fantastique.

Offert sur Netflix