(Berlin) Golda Meir fut le quatrième premier ministre d’Israël. Et sa première première ministre. Une dame de fer avant Magaret Thatcher en Grande-Bretagne, qui demeure un personnage controversé dans son pays de cœur – elle est née en Ukraine et a grandi à Milwaukee, aux États-Unis.

Dans Golda, un film américano-britannique réalisé par Guy Nattiv, présenté lundi en première mondiale à la Berlinale, on tente de redorer le blason de cette politicienne très fortement critiquée pour le manque de préparation de l’armée israélienne à la guerre du Kippour, il y a 50 ans. En présentant le conflit de son point de vue, tout en lui reprochant un péché d’orgueil : celui d’avoir trop fait confiance à ses services de renseignements.

Le point de vue de ce long métrage de fiction, comme celui de son personnage principal, est manifestement pro-israélien. On évoque brièvement, d’entrée de jeu, les motifs de cette guerre, lancée par la Syrie d’Hafez al-Assad et l’Égypte d’Anouar el-Sadate : reprendre des territoires (le Golan et le Sinaï) occupés par Israël depuis la guerre des Six Jours.

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Guy Nattiv, réalisateur de Golda

Comme dans l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’agresseur ne fait aucun doute. Sauf peut-être pour le scénariste Nicholas Martin, qui omet de mentionner que l’occupation de ces territoires par Israël s’est faite au mépris de la résolution 242 du Conseil de sécurité de l’ONU. L’histoire tronquée de Golda nous présente plutôt Israël comme la victime plus ou moins innocente d’une agression.

Au début de ce docudrame on ne peut plus conventionnel, on retrouve brièvement Golda Meir devant une commission d’enquête, revisitant dans le détail les stratégies et les décisions militaires de son « war room », un an après la fin de la guerre. Cette guerre qui a coûté quantité de vies et forcé à la démission la première ministre, morte d’un cancer à 80 ans, en 1978.

Helen Mirren, la transcendante reine Élisabeth II de The Queen de Stephen Frears, incarne le rôle de la célèbre politicienne israélienne, ce qui a provoqué une petite polémique à propos de l’appropriation culturelle d’un personnage juif qui n’a rien de britannique.

La polémique aurait mieux fait de s’attarder sur le scandale le plus évident de ce film : la prothèse nasale absolument ridicule de l’actrice. Pendant tout le film, on ne voit que cet appendice lisse, à travers les volutes de fumée des cigarettes que Golda Meir enchaîne, même pendant ses examens et ses traitements médicaux.

L’avantage, c’est que ce pif en latex nous fait oublier par moments le scénario convenu, la réalisation encore plus banale, la trame sonore larmoyante et les dialogues à thèse ronflants de ce biopic classique, calqué sur 100 films politiques semblables.

Comme le nez de sa protagoniste, Golda est tout droit sorti du moule des films qui aspirent à se rendre aux Oscars. Même la très jolie Who by Fire de notre Leonard Cohen national n’arrive pas à sauver le film de l’ennui qu’il distille. À grosses gouttes.