Pour la fin de semaine de l’Halloween, les fans de cinéma d’horreur et d’épouvante voudront se délecter de films angoissants et terrifiants sur grand écran, à découvrir seuls ou en groupe. Cela tombe bien, il y a trois longs métrages qui espèrent faire hurler de peur même le public le plus averti. Voici nos critiques.

Barbarian

Futur film culte ?

Il y a de ces créations qui sortent de nulle part et qui happent de plein fouet. Barbarian fait partie du lot. Sur papier, cela ressemble à tous ces thrillers interchangeables où des étrangers (ici les très justes Georgina Campbell, Bill Skarsgard et Justin Long) sont réunis dans une maison qui recèle un hôte dangereux et potentiellement mortel, prêt à surgir de l’ombre à chaque instant. Mais à l’écran, le délire est total et dépasse toutes les espérances.

Le long métrage prend son temps pour camper l’atmosphère, particulièrement étouffante. Il se dévoile graduellement au fil de révélations inattendues, poussant le malaise un peu plus loin sans pour autant éventer tous ses mystères. Puis un nouveau personnage fait son apparition et le récit bifurque complètement, avant de reprendre du poil de la bête et de faire battre le cœur plus rapidement.

Adepte de comédies adolescentes douteuses comme Date and Switch et Miss March, le cinéaste et scénariste Zach Cregger fait montre d’un réel talent pour le suspense décadent. Il a surtout pondu un scénario brillant, créant des métaphores hallucinantes entre le mal en place et le néolibéralisme qui sévit depuis 40 ans en sourdine, transformant l’être humain en bête sauvage. Faut-il se surprendre que le lieu où se déroule l’action soit un Airbnb et qu’il se trouve dans un quartier de Detroit tombé en décrépitude ? Il ne faudra pas s’étonner que ce film qui baigne dans les mêmes eaux que It Follows devienne culte un jour.

Barbarian  (V. F. : Barbare)

Thriller horrifique

Barbarian (V. F. : Barbare)

Zach Cregger

Avec Georgina Campbell, Bill Skarsgard, Justin Long

En salle et sur Disney+

1 h 47

7,5/10

Smile


Qui sourira le dernier ?

Déjà un immense succès au box-office (plus de 167 millions de dollars pour un budget de 17 millions), ce drame surnaturel ne manque pas de nous intriguer. Une épidémie de suicides semble toucher la population, dont les gens affichent un large sourire avant de passer brutalement à l’acte. Une psychiatre qui a vu une de ses patientes mettre fin à ses jours tente de briser cette terrible malédiction, ce qui l’oblige à revisiter les nombreux démons de son passé.

Solide comme le roc malgré sa grande prévisibilité et sa trop longue durée, cette plus que satisfaisante série B joue la carte de la retenue, limitant les sursauts gratuits au minimum. En élargissant le terrain de jeu de son précédent court métrage qui abordait déjà un sujet similaire, le réalisateur Parker Finn fait confiance au pouvoir de la suggestion, développant une ambiance tendue tout en travaillant minutieusement le son. À cet égard, la musique de Cristobal Tapia de Veer, cet habile compositeur chilien établi au Québec depuis les années 1980, donne froid dans le dos.

Sosie Bacon (fille des acteurs Kevin Bacon et Kyra Sedgwick) s’occupe du reste, portant la production sur ses épaules, étonnant lorsque son personnage explore des détours psychologiques comme le deuil et le stress post-traumatique. La finale appuyée n’est peut-être pas à la hauteur de tout ce qui a été développé jusque-là, mais les fans de Suicide Club et de Malignant seront comblés.

Smile (V. F. : Sourire)

Suspense d’épouvante

Smile (V. F. : Sourire)

Parker Finn

Avec Sosie Bacon, Jessie T. Usher, Kyle Gallner

En salle

1 h 56

6,5/10

Prey for the Devil

Priez pour nous, pauvres pécheurs

The Conjuring et ses suites ont faire revivre l’intérêt envers les films d’exorcisme. Dommage que la plupart ne fassent que s’abreuver aux sources du chef-d’œuvre The Exorcist de William Friedkin, sorti il y a près d’un demi-siècle. C’est le cas de Prey for the Devil qui propose l’affrontement classique entre Dieu et le diable. Tout cela par l’entremise d’une sœur (soporifique Jacqueline Byers) qui cherche à se guérir de son enfance difficile auprès de sa mère schizophrène. Le scénario n’a que faire des bonnes idées en place – elles sont nombreuses, comme cette école spéciale où l’on s’exerce aux exorcismes, la place de la femme dans cet univers machiste, la résilience et la renaissance des victimes qui renvoie tout droit au récent et désolant Halloween Ends –, leur préférant des développements prévisibles et superficiels. Plus l’effort avance et plus l’intérêt fond comme neige au soleil, se terminant dans la farce ridicule et prétentieuse qui rappelle que seule la foi peut nous sauver…

Pourtant, le metteur en scène Daniel Stamm est un fin connaisseur du genre (on lui doit le largement supérieur Last Exorcism), utilisant sa grammaire cinématographique pour jouer avec les nerfs des spectateurs, notamment quand vient le temps de créer de l’effroi avec du silence. C’est peine perdue devant les situations grotesques qui se succèdent au tournant. L’interprétation monolithique n’est pas là pour aider, bien que l’on puisse assister à l’ultime performance de Ben Cross (Chariots of Fire), mort en 2020. Aussitôt vu, aussitôt oublié.

Prey for the Devil (V. F. : La proie du diable)

Drame surnaturel

Prey for the Devil (V. F. : La proie du diable)

Daniel Stamm

Avec Jacqueline Byers, Colin Salmon, Christian Navarro

En salle

1 h 33

4/10