Les trois prochaines semaines vibreront au rythme de Fantasia, avec son cinéma décomplexé qui se permet tous les excès. Cette 26édition, qui regroupe plus de 300 films et activités, est tellement garnie qu’on a dû la découper en cinq parties afin de lui rendre justice. Tour d’horizon.

La grande visite

John Woo s’amène à Montréal pour recevoir un prix de carrière honorifique et offrir une classe de maître (16 juillet). Le cinéaste hongkongais a révolutionné le cinéma d’action avec son style reconnaissable entre tous où les balles semblent danser le ballet au ralenti. L’occasion sera idéale de redécouvrir en bonne compagnie ses classiques Hard Boiled (15 juillet) et Face/Off (17 juillet) qui célèbre cette année son 25e anniversaire. Le trop rare metteur en scène Neil LaBute sera aussi en ville pour présenter House of Darkness (22 juillet), une comédie noire sur une rencontre aux conséquences insoupçonnées. Comme toujours chez l’auteur de In the Company of Men, les dialogues mènent le bal et les rapports de sexe en prennent pour leur rhume. Le festival accueillera également le réputé réalisateur Patrice Leconte pour sa très attendue relecture de Maigret (26 juillet) dans laquelle Gérard Depardieu se glisse dans la peau du mythique commissaire créé par George Simenon.

Les premières

Les œuvres présentées en première mondiale sont nombreuse cette année. C’est le cas de Polaris (14 juillet) de KC Carthew, un film d’ouverture magique et sanglant qui se déroule au Yukon. On pense ici à Mad Max avec une distribution entièrement féminine et un ours polaire particulièrement charismatique. Plus ludique est Les pas d’allure (16 juillet), un ovni signé Alexandre Leblanc qui plonge Jean-Sébastien Courchesne et Sophie Desmarais dans une réalité décalée et paranoïaque sur fond de radio-poubelle. La riche photographie en noir et blanc et les élans bédéistes en font une expérience singulière. Encore plus déstabilisant est The Diabetic (14 et 27 juillet) de Mitchell Stafiej, un long métrage grunge sur les rêves de jeunesse qui ne se sont pas nécessairement matérialisés.

Les incontournables

Les grands noms semblent s’être donné le mot pour présenter leur plus récente création. C’est le cas de Quentin Dupieux (Incroyable mais vrai, 31 juillet), Takashi Miike (The Mole Song – Final, 25 juillet) et Dario Argento, le maître du giallo, qui offre avec Dark Glasses (30 juillet) sa première réalisation en une décennie, amenant sa fille Asia aux confins de l’horreur. Présenté à Cannes, Coupez ! (15 juillet) de Michel Hazanavicius, un remake du brillant film culte One Cut of the Dead, fera hurler de rire en s’intéressant aux dessous d’un tournage hors de l’ordinaire. Il est question de fantasmes dans Sharp Stick (30 juillet et 1er août), une comédie sexuelle provocatrice comme seule Lena Dunham peut l’imaginer. De son côté, Anurag Kashyap (le créateur des traumatisants Ugly et Gangs of Wasseypur) croise les genres dans Dobaaraa (31 juillet), alors que le maître du cinéma d’animation, Masaaki Yuasa (Mind Game), mettra sans difficulté l’auditoire dans sa poche avec son opéra rock Inu-Oh (27 juillet).

Les évènements

PHOTO RENAUD SAKELARIS, FOURNIE PAR FANTASIA

Une soirée DJ XL5

Pour ceux et celles qui se demandent pourquoi le public de Fantasia miaule avant chaque film, le phénomène est né aux soirées de DJ XL5 (28 juillet), qui fait la joie des festivaliers depuis 2004. Encore une fois cette année, une vingtaine de courts métrages d’ici et d’ailleurs sont assemblés. « La salle de cinéma devient comme un énorme divan de 700 places et le tout se présente comme une réflexion sur la culture pop d’hier et d’aujourd’hui », explique en entrevue son fondateur, Marc Lamothe. Il faudra en profiter, parce que cette tradition tire sa révérence à la fin de la présente édition. Dans un tout autre registre, un panel se déroulera le 20 juillet afin d’établir des actions pour que l’industrie cinématographique réduise son empreinte écologique. On souligne aussi la diffusion des quatre premiers épisodes de The King of Pigs (24 juillet), une adaptation d’une animation controversée sur l’intimidation scolaire, qui est la première série télé mise de l’avant par Fantasia. Le résultat s’avère aussi dérangeant que malsain.

Saveurs locales

Le cinéma québécois a toujours accaparé la part du lion à Fantasia. La section des courts métrages est particulièrement étoffée cette année avec plusieurs titres de grande qualité. C’est le cas de Belle River (31 juillet) de Samuel Matteau, Yannick Nolin et Guillaume Fournier, un magnifique essai contemplatif sur la résilience des habitants de la Louisiane. Les cinéphiles pourront voir Un été comme ça (2 août), le plus récent long métrage de Denis Côté, qui traite de sexualité féminine. Les amateurs de nanars seront quant à eux ravis avec une rare représentation des Dangereux (2 août), dont on souligne le 20e anniversaire de la sortie. C’est l’occasion de redécouvrir cette superproduction de Louis Saia qui s’est fait vilipender par la critique.

Le festival Fantasia se tient du 14 juillet au 3 août.

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