La première bande-annonce d’Au nord d’Albany, long métrage signé Marianne Farley, se révèle intrigante. L’atmosphère y est tendue et laisse deviner un récit comportant bien des mystères.

Mettant en vedette Céline Bonnier et Zeneb Blanchet, le film relate le parcours d’une mère et de sa fille, en fuite de quelque chose aux États-Unis, qu’une panne de voiture survenue près d’un minuscule village des Adirondacks force à faire une halte de quelques jours.

« Je dirais qu’il s’agit d’un drame familial à saveur de thriller, indique Marianne Farley. Il y a une part de mystère dans le récit, mais on évoque aussi beaucoup la rencontre entre des êtres humains, dont certains sont confrontés à eux-mêmes. »

En compagnie du coscénariste Claude Brie, la réalisatrice a laissé courir son imagination en s’inspirant d’un évènement anxiogène qu’elle a elle-même vécu il y a quelques années.

Sur la route du retour d’une visite que mes deux garçons et moi avions faite à mon frère, qui habite aux États-Unis, je suis tombée en panne, comme les personnages. Ce fut un peu une histoire d’horreur, car le temps qu’il a fallu pour faire réparer la voiture fut interminable.

Marianne Farley

« Quand je suis finalement rentrée, poursuit-elle, j’ai dit à Claude [Brie] qu’il y avait peut-être dans cette aventure l’idée d’un film. Ce sentiment d’être loin de chez soi, avec ses enfants, en pleine vulnérabilité, me semblait très riche sur le plan dramatique. »

Face à soi-même

Ce point de départ aurait aussi pu nourrir un récit basculant dans l’horreur, mais la réalisatrice n’a pas souhaité emprunter cette voie.

« À travers cette histoire, je voulais surtout parler d’incommunicabilité, de fuite, de parentalité. Au nord d’Albany est l’histoire d’une mère voulant sauver sa fille à tout prix, et qui, pour ce faire, fait le pire choix possible, soit celui de fuir avec elle. Ce faisant, elle se voit obligée de faire face à elle-même. La vie fait parfois en sorte que nous n’avons pas le choix de nous regarder bien en face dans le miroir. »

Photo Martin Tremblay, archives LA PRESSE

La réalisatrice et productrice Marianne Farley

L’idée d’incarner elle-même le personnage de la mère lui a effleuré l’esprit au moment de l’écriture, mais s’est très vite estompée.

« Quand la décision fut prise que j’allais moi-même assumer la réalisation de ce film, il était clair dans mon esprit que je ne jouerais pas le personnage, explique-t-elle. Que ce soit d’un côté ou de l’autre de la caméra, j’aime trop ce rapport entre comédien et cinéaste. Et puis, j’ai eu le privilège de travailler avec Céline Bonnier. »

Marianne Farley précise par ailleurs que son cinéma est fortement caractérisé par les rencontres. Les trois courts métrages qu’elle a réalisés jusqu’à maintenant, parmi lesquels Marguerite, finaliste aux Oscars en 2019 dans la catégorie du meilleur court métrage, l’ont naturellement menée vers la réalisation de ce long métrage, pour lequel elle agit également à titre de coscénariste et de coproductrice.

« Ce film se situe dans la continuité, mais comme il s’agit d’un long métrage, avec tout ce que ça implique, j’ai l’impression de franchir une nouvelle étape, dit-elle. Je l’ai déjà vécu comme comédienne, comme productrice également, mais là, comme réalisatrice, j’entre dans une autre réalité. C’est très énervant et très excitant à la fois ! »

Produit par la société Slykid & Slykid, et distribué par Maison 4:3, Au nord d’Albany compte également sur la participation d’Eliott Plamondon, Rick Roberts, Naomi Cormier, Kelly Depeault, Sean Tucker, Janet Land et Frédéric Pierre. Ce film prendra l’affiche au Québec le 11 novembre.