(Toulouse) L’actrice, scénariste et réalisatrice Agnès Jaoui a estimé mercredi que « la mainmise des plateformes sur les auteurs » de cinéma est « assez grave », car elles ont « recréé Hollywood » en les transformant en « employés ».

Avec la pandémie, « les productions de cinéma et les distributeurs vivent un moment épouvantable. À cela se rajoute la mainmise des plateformes sur les auteurs. C’est assez grave […] Ils ont recréé Hollywood », a-t-elle dénoncé, lors de sa première conférence de presse en tant que présidente de la Cinémathèque de Toulouse.

« Ayant eu affaire à des plateformes, j’ai décidé d’arrêter, car j’ai toujours été archi-libre pour écrire et faire des films, et je compte le rester », a déclaré Agnès Jaoui, estimant que les plateformes entravent la créativité et font des cinéastes des « employés ».

Succédant au réalisateur Robert Guédiguian à la présidence de cette cinémathèque nationale, où elle a été élue le 14 décembre pour trois ans, elle « rêve » d’y favoriser les rencontres entre publics différents et de remettre à l’honneur des femmes réalisatrices oubliées.

« J’ai très envie que des rencontres aient lieu, des transversalités, qu’on puisse faire de la musique, de la photo, rencontrer des publics, des âges différents » pour « un vrai échange, un vrai mélange parce que je déteste les ghettos », a-t-elle souligné.

Agnès Jaoui, qui en 2018 a dénoncé le manque de femmes aux Césars et à Cannes, aimerait aussi « remettre à l’honneur des femmes qui ont fait des films », car « s’il n’y a pas des livres, des journalistes, des historiens d’art et des projections qui les mettent en valeur, on les oublie ».

Cette réalisatrice engagée, qui avait appelé à voter contre Marine Le Pen à la présidentielle de 2017, a en outre dénoncé l’actuel « combat de qui est le plus d’extrême droite », le jugeant « terrifiant ».

Robert Guédiguian, qui présidait la Cinémathèque depuis 2016, a précisé à l’AFP avoir sollicité Agnès Jaoui pour lui succéder parce que « non seulement elle est cinéaste, mais aussi actrice ».

« Un acteur c’est brillant, intelligent, ça connaît l’histoire du cinéma, etc. Un producteur on ne sait pas qui sait, un réalisateur on le sait à peine […] Ce qu’on voit c’est quand même les acteurs », a-t-il ajouté.

Interrogé sur ses points communs avec Agnès Jaoui, il a souligné leur idée d’un « cinéma qui se préoccupe du public » et « que le cinéma populaire peut être du grand art ».