(Paris) Avec Le bal des folles, adaptation du livre de Victoria Mas, prix Renaudot des lycéens 2019 sur les débuts de la psychiatrie au XIXe siècle, l’actrice et réalisatrice Mélanie Laurent signe devant et derrière la caméra son sixième long métrage, première production française de la plateforme mondiale Amazon Original.

En ligne à partir de vendredi en sortie mondiale, ce film en costumes, servi par des reconstitutions historiques soignées, raconte l’histoire d’Eugénie (Lou de Laâge), une jeune femme de la haute bourgeoisie parisienne.

Apprenant qu’elle communique avec les esprits, son père décide de la faire interner à La Salpêtrière, grand hôpital parisien dirigé à l’époque par le professeur Charcot, l’un des pionniers de la neurologie et de la psychiatrie. Son service de recherches cliniques accueille des femmes diagnostiquées folles, hystériques ou simplement épileptiques.

Eugénie croise la route de Geneviève (Mélanie Laurent), l’infirmière en chef, qui ne se remet pas de la mort de sa sœur. La rencontre des deux femmes va bouleverser leur destin à jamais, à quelques semaines du « Bal des folles », un rendez-vous mondain organisé par le professeur Charcot au sein de La Salpêtrière et où le Tout-Paris vient s’encanailler chaque année.

CAPTURE D’ÉCRAN

Le bal des folles de Mélanie Laurent

Emmanuelle Bercot, dans le rôle d’une autre soignante au comportement sadique, Benjamin Voisin, Grégoire Bonnet et Lomane de Dietrich complètent la distribution de ce film tourné en décors naturels dans l’ancien hôpital de la Marine de Rochefort (Charente-Maritime).

« Je voulais faire un film sur les sorcières du Moyen-Âge, un film d’époque avec un sujet qui ne soit pas que féministe. J’ai découvert le livre de Victoria Mas qui avait tout. L’histoire et les personnages m’ont bouleversée. J’ai été fascinée par cette société patriarcale du XIXe siècle, qui se coupait de tant de femmes internées de force, souvent sans vraie raison », a confié Mélanie Laurent lors d’une rencontre avec la presse.

« Je me suis longtemps demandé comment aborder ce drame historique. Ce qui m’intéressait était les rapports de forces. Cette armée de femmes dominées, face à quelques femmes dominantes, dominées elles-mêmes par d’autres hommes… », ajoute l’actrice et réalisatrice, César 2007 du meilleur espoir féminin et César 2016 du meilleur documentaire pour Demain, un manifeste sur la protection de l’environnement.

Pour Mélanie Laurent, « le sujet est actuel, car toujours, l’homme a mis de côté ce qu’il ne comprenait pas, ce qui le rebutait, ce qui le dégoûtait ».

« Les Folles de La Salpêtrière ne sont que les mères des rejetés d’aujourd’hui. Et c’est pourquoi il fallait leur redonner vie », ajoute-t-elle. « C’est le genre de film pour lequel on a envie qu’il voyage. Avec Amazon, le film sort dans 240 pays le même jour ».