Le Festival international du film sur l’art (FIFA) présente sa 39e édition du 16 au 28 mars avec 249 films, courts et longs métrages provenant de 41 pays. Pour cette édition extrêmement diversifiée qui sera présentée en salle et en ligne, La Presse vous propose quelques suggestions de films vraiment touchants.

Charlie Chaplin, le génie de la liberté

Première canadienne. Documentaire d’Yves Jeuland (France, 2 h 25, 2020). En français.

S’il n’y avait qu’un seul film à voir au FIFA, ce serait celui-ci. Le premier documentaire consacré à Charlie Chaplin entièrement constitué d’archives. Un film vraiment touchant sur le géant de la pantomime né dans la misère et devenu l’acteur le plus riche du monde tout en conservant une belle conscience politique. On découvre sa vie, ses débuts fulgurants, des scènes de ses plus grands films, toutes les étapes de sa carrière jusqu’à son départ, en 1952, de l’Amérique maccarthyste, devenue bien trop conservatrice pour cet humaniste.

Erwin Olaf – The Legacy

Documentaire de Michiel van Erp (Pays-Bas, 76 min, 2019). En néerlandais et anglais. Sous-titré en anglais.

Erwin Olaf est un monument de la photographie aux Pays-Bas. L’artiste sexagénaire réputé pour son audace s’interroge sur le sens de sa carrière et revient sur les différentes étapes de sa vie artistique. Son ancien chum, Teun Frieszo, avec qui il a vécu 23 ans, va bientôt mourir (il s’est effectivement éteint le mois dernier). Ils reproduisent ensemble la même photo de nu qu’ils avaient prise lorsqu’ils étaient jeunes. Un moment émouvant et délicat de ce film sur un artiste attachant et talentueux.

Chagall entre deux mondes

Documentaire de Laurence Jourdan (France, 52 min, 2020). En français.

Très plaisant, ce documentaire sur Chagall. Une fenêtre sur son art, entre tradition et modernité, ses influences artistiques, son attachement à sa communauté juive de Biélorussie. Son premier atelier parisien partagé avec des artistes juifs de l’Est européen qui fuient les pogroms, l’impact de la Révolution russe, la montée de l’antisémitisme en France dans les années 20 puis son opposition au suprématisme de Malevitch. Le film s’arrête aux portes de la Seconde Guerre mondiale et appelle une suite…

Ena’ Goyesque

Documentaire de Christopher Burke (France–États-Unis, 53 min, 2021). En français et anglais. Sous-titré en anglais.

Ena Swansea a été, en 2010, la première femme et première Américaine à avoir peint la piste ensablée des arènes d’Arles lors de sa corrida goyesque annuelle. Végétarienne, elle n’est pas spécialement portée sur la mise à mort de taureaux. Mais elle a été inspirée par la tauromachie comme avant elle Van Gogh, Picasso, Manet, Dalí ou Goya. Elle dit que sa peinture sur le « ruedo » n’était pas une prise de position en faveur de la corrida, mais elle est troublée par ce spectacle traditionnel aujourd’hui décrié.

Written on Water

Première mondiale. Film de Pontus Lidberg (France–Allemagne–États-Unis, 1 h 21, 2020). En anglais et français. Sous-titré en anglais.

Chorégraphe, Alicia propose à ses danseurs de travailler sur le thème du désir. Mariée, elle a un kick sur un des danseurs, Giovanni, ce qui la place dans une situation embarrassante. Elle résiste, regrette, persiste, souffre. Une fiction bien filmée avec de très beaux ensembles sensuels de danse contemporaine. De la grâce, de l’énergie et de la tendresse dans ce film où l’on retrouve la danseuse étoile de l’Opéra de Paris, Aurélie Dupont, et le danseur britannique Alexander Jones.

Beijing Spring

Première nord-américaine. Film d’Andy Cohen et Gaylen Ross (États-Unis, 1 h 40, 2020). En anglais, chinois et français. Sous-titré en anglais.

Le Printemps de Pékin fut une brève parenthèse de contestation « tolérée » en Chine en 1978-1979, consécutive à l’arrivée de Deng Xiaping au pouvoir après la mort de Mao. Le film est d’autant plus intéressant que l’on a accès à des archives inédites, photos et vidéos, sur les évènements qui ont conduit des dissidents à créer un mur de la démocratie pour afficher dénonciations et espoirs de changements. Le film comprend les témoignages de nombreux artistes visuels qui ont fait partie de ce mouvement et qui, depuis, se sont exilés à l’étranger.

Comme une vague

Film de Marie-Julie Dallaire (Canada, 1 h 27, 2020). En français, anglais, dari et espagnol. Sous-titré en français.

Passionnés de musique, ce film est pour vous. Marie-Julie Dallaire y développe un large regard sur le sujet. Elle a rencontré une grande variété d’artistes et de scientifiques passionnés par la musique : du DJ de house music au violoniste de rue en passant par un orchestre de réfugiés en Europe, des chercheurs qui enregistrent des bruits dans les forêts ou encore le violoncelle stradivarius de Stéphane Tétreault. Le documentaire est un hommage à notre besoin de sons et de rythmes dans la vie.

Courts métrages

Enfin, à déguster le petit film Créer à quatre mains, du collectif Viatour-Berthiaume. Un court métrage muet qui permet de voir à l’œuvre Marie-Annick Viatour et Gaétan Berthiaume, sculptant avec délicatesse une œuvre en hommage au créateur Claude Lafortune, qui a succombé à la COVID-19, le 19 avril 2020. Également l’œuvre Gander Islands, de Myriam Yates, tournée à Terre-Neuve, à la résidence d’artistes Fogo Island Arts et à l’aéroport de Gander. Un aéroport fantôme où même les œuvres d’art s’ennuient !

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